Nous avons incontestablement assisté hier au début d’une nouvelle grande bifurcation dans l’histoire de l’aviation. En dévoilant le programme de développement du moteur à soufflante non carénée RISE pour l’aviation commerciale, Safran et GE Aviation viennent tout simplement d’annoncer un véritable changement d’ère pour le monde du transport aérien.
Car la future génération d’avions monocouloirs qui sera proposée par Airbus et par Boeing à horizon 2035 va pouvoir pour la première fois s’affranchir des traditionnels réacteurs à double flux, même si l’Open fan RISE en est évidemment le descendant direct. L’abandon du carter de soufflante était la direction technologique la plus défendable sur le long terme compte tenu des butées toujours plus proches accompagnant l’augmentation inévitable des taux de dilution des moteurs pour réduire leur consommation.
Le patron du groupe Safran, Olivier Andriès, a tenu a préciser que ce programme de développement n’était pas à proprement parler le lancement d’un nouveau moteur pour un programme de monocouloirs chez les deux grands avionneurs. Ce sera bien sûr à eux de prendre les décisions qui s’imposent pour choisir les briques technologiques qui conviendront le mieux pour réduire la consommation et les émissions du segment des appareils qui occupent pratiquement les trois quarts du marché mondial en termes de passagers transportés. Philippe Mhun, EVP Programmes and Services d’Airbus vient d’ailleurs de saluer cette initiative lors d’un point presse de l’avionneur, la jugeant « bienvenue ».
Mais sans venir leur forcer la main, on comprend aisément qu’il sera difficile de passer à côté de la réelle solution apportée par GE et Safran. Il sera d’ailleurs particulièrement intéressant de suivre la future feuille de route qui sera bientôt aussi proposée par Pratt & Whitney pour succéder à son actuelle famille de turboréacteurs à réducteur (GTF). Des chemins divergents seraient incontestablement beaucoup plus risqués, notamment au regard des contraintes d’intégration des moteurs à soufflante non carénée, en particulier au niveau d’une voilure, ce qui constituerait de fait la fin du principe de double source pour la motorisation des monocouloirs chez Airbus.
On l’aura compris, l’introduction presque annoncée des moteurs à soufflante non carénée dans l’aviation commerciale est tout simplement passionnante. Elle est arrivée au seuil d’une nouvelle ère.
Ce qui est sûr aussi, c’est que les nouveaux prétendants sur le marché, à savoir le C919 de COMAC en Chine et le MC-21 de Rostec en Russie, tous deux conçus à la fin des années 2000 et toujours pas en service plus d’une décennie plus tard, viennent déjà de prendre un gros coup de vieux.