Les relations entre les États-Unis et la Chine étaient particulièrement tendues sous l’ère Trump. Elles sont déjà exécrables pour le début du mandat de Joe Biden, même si les deux puissances chercheront au moins à trouver un terrain d’entente lors du sommet virtuel sur le climat organisé ces tout prochains jours.
En attendant, cela ne fait clairement pas les affaires de Boeing depuis quelques années, l’avionneur américain n’ayant pas enregistré une seule nouvelle commande d’avion commercial à destination de l’Empire du Milieu depuis 2017. Pire, la Chine ne semble toujours pas pressée de remettre sa flotte de 737 MAX en service, quitte à discrètement venir louer des monocouloirs Airbus ces dernières semaines.
Bien sûr, la Chine peut prendre son temps au regard de la situation sanitaire mondiale actuelle, d’autant que le géant asiatique connaît aussi un important retard au niveau de sa campagne de vaccination, laissant craindre que ses frontières restent encore longtemps un gros frein pour les voyages internationaux de ses propres ressortissants, en particulier pour les voyages intercontinentaux.
Mais le géant asiatique s’est aussi démarqué l’année dernière en résistant économiquement à la pandémie, avec un taux de croissance de plus de 2%. Le PIB chinois a même très fortement rebondi de 18% au premier trimestre, avec des perspectives qui pourraient largement dépasser les 6% officiellement attendus pour l’année, flirtant ainsi avec son niveau de croissance d’avant la pandémie. Pour faire simple, la population chinoise aura continué à s’enrichir pendant la crise économique mondiale, et les conséquences sur les perspectives de croissance de son transport aérien n’auront sans doute été que repoussées d’une durée équivalente à celle de la pandémie, avec un très important rattrapage à attendre dès la levée des restrictions de voyage.
Les trois principales compagnies aériennes chinoises doivent encore recevoir 46 gros-porteurs de la part d’Airbus et Boeing au cours des prochaines années, dont une quarantaine d’A350-900 et plus qu’une poignée de Dreamliner. Mais la part des avions long-courriers de nouvelles générations (A350 et 787) restera encore minoritaire dans leur flotte, représentant seulement moins d’un tiers du total de leurs gros-porteurs en service.
On l’aura compris, Airbus a incontestablement une grosse carte à jouer en Chine pour les prochaines années, aussi bien pour répondre à une croissance certaine du transport aérien chinois que pour venir amplifier la réduction de l’empreinte environnementale de ses principaux transporteurs, alors que la ligne de complétion des A350 se met actuellement en place à Tianjin. C’est aussi clairement des commandes qu’il ne faudra absolument pas perdre.