Le nouvel aéroport international de Bangkok a été soumis à l’épreuve des opérations commerciales. Une vingtaine de vols domestiques de six compagnies thaïlandaises, y compris Thai International Airways, a atterri sur le tarmac de Suvarnabhumi le 29 juillet pour y tester les installations : pistes, systèmes de sécurité, d’enregistrement et de traitement des bagages.
Le premier vol spécialement programmé pour les tests du week-end a symboliquement décollé de l’actuel aéroport de Bangkok, Don Muang, pour un trajet de quelques minutes. Débarquant d’un Boeing 747-400 au milieu de ses 375 passagers, le Premier ministre thaïlandais Thaskin Shinawatra a confirmé que l’aéroport international de Suvarnabhumi serait prêt à temps pour son ouverture aux vols commerciaux réguliers, c’est-à-dire le 28 septembre à 15h. Selon lui, les premiers tests effectués en conditions réelles se sont donc bien déroulés.
Mais les critiques qui subsistent ont occulté les résultats des essais pratiqués. Industriels et compagnies aériennes craignent toujours que les systèmes logiciels, comme les lecteurs à rayons X ou les systèmes d’enregistrement, ne fonctionnent pas, bien que les autorités thaïlandaises aient déjà certifié la plateforme.
L’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale), consultante de la société Airports of Thailand (AOT) supervisant l’aéroport, demande également des tests plus poussés et souhaite que l’aéroport n’ouvre que lorsqu’il sera réellement prêt. Selon elle, les aides visuelles (éclairage, panneaux et marquage au sol) ne sont pas assez développées. Elle craint en particulier que les éclairages des pistes et des obstacles autour de la zone aéroportuaire ne répondent pas aux critères de sécurité et que les zones de sécurité en bout de piste ne soient pas suffisamment étendues.
Lorsqu’il ouvrira, l’aéroport de Suvarnabhumi reprendra le code et la mission de Don Muang pour devenir le nouvel aéroport international de Bangkok. Ce dernier ne sera alors plus chargé que des vols militaires, charters ou d’affaires. Situé à 25km à l’est de la capitale thaïlandaise, Suvarnabhumi comptera dans un premier temps deux pistes d’atterrissage, 120 aires de stationnement, dont 51 au contact et cinq pouvant accueillir l’A380. Doté de la plus haute tour de contrôle, de 132m, et du plus grand terminal au monde, il pourra gérer 76 vols par heure et 45 millions de passagers par an.
Malgré l’arrière-goût amer qu’ont laissé les déboires de la première phase de sa construction (crises politiques et financières, corruption, retards chroniques), d’autres projets sont en cours. Tout d’abord, la seconde phase de la construction. L’aéroport à son ultime stade de développement devrait compter quatre pistes, deux terminaux principaux et deux satellites, et devrait être capable d’y voir passer quelques 100 millions de passagers par an.
Airports of Thailand a également fait savoir le 20 juillet qu’elle souhaitait ériger un terminal low-cost capable de rivaliser avec ceux de Kuala Lumpur et Singapour. Les compagnies low-cost apportent en effet à ce jour 7 millions des 37 millions de passagers débarquant à Bangkok, un chiffre qui devrait plus que doubler d’ici deux ans.
En attendant de réaliser ses ambitions, la Thaïlande va cependant devoir mettre les bouchées doubles sur la phase en cours si elle ne veut pas infliger un quatrième délai à l’ouverture de Suvarnabhumi. Il ne lui reste en effet que deux mois pour terminer les installations de son aéroport et satisfaire aux exigences de l’OACI, sans la certification de laquelle les infrastructures resteront dénuées de vie.