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Actualité aéronautique Passion Babouc, pilote du Rafale Solo Display : de La Réunion à Saint-Dizier, un parcours à Mach 2

Babouc, pilote du Rafale Solo Display : de La Réunion à Saint-Dizier, un parcours à Mach 2



04 JUIL. 2019 | Daphné Desrosiers
Babouc, pilote du Rafale Solo Display : de La Réunion à Saint-Dizier, un parcours à Mach 2
© Team RSD-Tintin
Cette semaine, l'équipe du Journal de l'Aviation est partie à la rencontre d'un ambassadeur de l'armée de l'air, le capitaine Sébastien, surnommé « Babouc », afin qu'il nous relate son cheminement avant d'être pilote du Rafale Solo Display. Du monomoteur à l'avion de chasse, son parcours nous prouve ô combien la motivation et la détermination conditionnent la réussite de ses voeux les plus chers. Laissons-nous porter par son récit et envolons-nous vers l'univers magique des avions supersoniques.

Du Cessna 152 au Mirage 2000N

« Je suis né sur l'île de La Réunion et j'ai passé mon baccalauréat au Lycée Roland Garros, nom prestigieux du pilote qui a toujours été mon idole. J'ai eu la chance d'obtenir à 17 ans ma licence de Pilote Privé (PPL) à l'aéroclub Saint-Pierre de Pierrefonds Adam de Villiers et c'est là où tout a vraiment commencé. Mon lâcher solo fait partie de mes plus beaux vols, même si je dois avouer que chaque vol est un émerveillement permanent. »

Babouc est fasciné par les avions dès son plus jeune âge, peut-être grâce à son frère qui le nourrit de films d'aviation mais l'île de La Réunion est également un terreau fertile à sa curiosité. En effet, éloignée de la Métropole, le moyen de locomotion le plus répandu pour voyager est évidement l'avion ! Babouc regarde décoller les Boeing 707, DC-8 et DC-10 tout en rêvant de devenir pilote... de chasse. Même si les gros porteurs le fascinent, ils ne peuvent égaler la force et la sensation de vitesse que possède un avion de chasse.

« Je vivais alors quelque chose d'exceptionnel. C'était l'époque où nous pouvions encore aller sur le tarmac des aéroports. C'était extraordinaire d'approcher ces géants des airs. Je me souviens quand j'ai pu monter l'escalier d'une passerelle pour embarquer à bord d'un Boeing 747. C'était grandiose. Il y avait surtout les Mirage F1 qui venaient de Djibouti pour l'opération Géranium. Ils ont fait partie du déclic qui m'a emporté vers la métropole pour réaliser mon rêve à l'âge de 18 ans. De ces rencontres aériennes, un vrai 'spirit aéro' est né et je savais que ma vocation était près des avions que je regardais passer depuis de nombreuses années. »

Le baccalauréat en poche, le jeune pilote d'aéroclub se renseigne pour devenir pilote de chasse. L'armée de l'air lui ouvre ses portes en lui proposant de passer le concours EOPN (Elève-Officier du Personnel Navigant), anciennement OSCPN (Officier sous-contrat du Personnel Navigant).

« J'ai choisi cette voie plutôt que le choix de faire Maths sup-Maths Spé et tenter de passer le concours de l'Ecole de l'air car je savais que j'aurais davantage de chance de voler tout au long de ma carrière, soit environ 20 à 25 ans d'engagement. J'ai réussi la sélection en 1999 et j'ai été breveté chasse à Tours à 22 ans. Je suis alors l'un des plus jeunes de ma promotion et c'est assez incroyable de prendre conscience qu'à peine trois ans plus tard, je serai en escadron opérationnel à Istres sur Mirage 2000N à l'escadron 3/4 Limousin... puis sous-chef de patrouille à 28 ans. Je suis entré très jeune dans l'armée de l'air et j'ai survolé les épreuves avec ma passion et mon travail. »


© Team RSD-Tintin

Babouc relate son parcours avec humilité et même s'il semble d'une relative simplicité, il est important de préciser que le cursus de sélection et de formation dispensé par l'armée de l'air requiert certaines conditions comme l'aptitude médicale délivrée par le Centre d'Expertise Médicale du Personnel Navigant. Les batteries de tests ont depuis longtemps fait leur preuve et permettent de révéler les qualités requises pour le pilotage d'un avion de chasse. Le terrible système d'évaluation des candidats pilotes « SECPIL » est éliminatoire et demeure l'une des clés de réussite de la sélection qui se déroule aujourd'hui à Tours. Chaque vol est un combat vers la réussite où le futur pilote doit travailler durement et quotidiennement en vue de passer toutes les épreuves ; seuls les meilleurs seront macaronnés « chasse » à l'issue de la formation.

De l'Alphajet au Rafale...

Babouc poursuit son but avec résolution, les bases aériennes se succèdent avant d'intégrer l'École de Transition Opérationnelle de Cazaux où, cette fois, il est moniteur sur Alphajet. C'est à son tour de transmettre aux plus jeunes son expérience en réalisant divers types de missions. « Cette école est une des dures étapes charnières de la formation où l'apprentissage sur avion d'arme est très rigoureux. Vol en patrouille, exercices tactiques ou tirs aériens sont le quotidien du pilote. »

A l'issue de la période d'instruction, il regagne un escadron opérationnel le 3/3 Ardennes de la BA 133 de Nancy-Ochey où il vole sur Mirage 2000D. Il réalise ses premières missions opérationnelles (OPEX) en Afghanistan et en Libye avant de concrétiser son rêve d'enfant lorsqu'il intègre l'escadron 1/7 Provence à Saint-Dizier-Robinson en volant sur Rafale.

« J'ai eu la chance de connaître trois générations d'avions de chasse mais le Rafale est l'avion que j'ai toujours espéré piloter. C'est un bijou technologique qui va bien au-delà de ce qu'on peut voir en démonstration. C'est un avion omni-rôle qui répond à tous les types de missions. »


© Walter Babic 2019

De nouvelles étapes dans sa vie surgissent lorsqu'il devient chef de patrouille (il est alors le leader de quatre avions), réalise une Mission Commander dans le cadre de l'OTAN où il est chef COMAO avant de devenir pilote des démonstrations en vol du Rafale en 2018. Un savoir-faire transmis de génération en génération par les anciens, qui deviennent tour à tour coach après une année de représentation auprès du futur jeune pilote démonstrateur choisi. Ces missions spécifiques exigent un travail tout aussi fastidieux qu'en engagement opérationnel. C'est un travail de longue haleine où les pilotes, Babouc et son coach Marty, excellent tous les deux. Un événement extraordinaire se présente début 2019 quand le capitaine Sébastien a la chance de voler au-dessus de son île natale.

« Je participais à la promotion 'Des ailes et des Hommes', étant ambassadeur de l'armée de l'air. Deux Rafale s'étaient posés dans le cadre de la validation des ravitaillements en vol du nouvel Airbus A330 MRTT (Multi Role Tanker Transport). Nous avons pu assister à cet exploit sur place : les avions avaient effectué plus de douze heures de vol entre Saint-Dizier et La Réunion et parcouru plus de 10 000 km. Grâce à la présence des Rafale, j'ai pu voler avec pour objectif de démontrer les capacités de projection et de déploiement des forces aériennes tout en assurant une protection de la zone Océan Indien. Ce fut magique de voler dans l'espace de mon enfance et de transmettre ainsi ma réussite et ma passion tout en suscitant des vocations auprès des plus jeunes. J'avais conscience que les Réunionnais étaient fascinés par cette démonstration car ils ont dans leur coeur cet amour de l'aviation. »

Aviation quand tu nous tiens...

La Réunion est une histoire d'amour avec Babouc, tout comme elle est étroitement liée avec l'aviation : le Piton de La Fournaise et ses éruptions légendaires admirées lors de ses vols en Cessna 152, les baleines à bosse surgissant en vent arrière pour le plaisir des yeux de ses passagers à bord d'un TB9 ou un vol en Rafale vers Mafate et Cilaos sont pour lui des souvenirs riches en émotions. Babouc est intarissable sur l'histoire de l'aviation. Du centenaire de Roland Garros à l'anniversaire du premier vol commercial effectué à bord d'un Farman 192 reliant Paris à Saint-Denis de La Réunion le 26 novembre 1929, Babouc s'investit afin de redonner vie à ces incroyables pionniers dont il est le digne descendant, tout comme il a l'art de cultiver une ambiance chaleureuse avec ses équipes et son public.

« Le métier de pilote de chasse n'est pas facile mais il est captivant et il vaut la peine de tout donner. Il faut être motivé, passionné et savoir se remettre en question. C'est avant tout un engagement pour défendre les valeurs de la France car avant d'être pilote, nous sommes des militaires. Il ne faut pas avoir peur de se risquer dans l'aventure car elle est géniale. C'est important de croire en ses rêves et de se donner les moyens de les réaliser. »


© Xavier Béjot


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