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Actualité aéronautique Passion Le coavionnage enterré vivant ?

Le coavionnage enterré vivant ?



19 JAN. 2016 | Igor Bietry
Le coavionnage enterré vivant ?
Photo © Wingly
La DGAC a rendu son verdict après avoir tergiversé et s’être cachée derrière son petit doigt pendant quatre mois : le coavionnage ne passera pas ! La Fédération française d’aéronautique (FFA), les syndicats des personnels navigants techniques et des compagnies aériennes, ainsi que la gendarmerie du transport aérien et les services opérationnels des douanes ont posé les bases de la disparition pure et simple des structures qui proposent ces services. Le point sur la situation.

Dans un communiqué laconique du 15 janvier 2016, la DGAC a donc tranché en faveur des compagnies aériennes. Sous couvert de groupes de travail, de rencontres et de propositions « constructives », la DGAC a coupé court en indiquant qu’il faudrait dorénavant un certificat de transport aérien et une licence d’exploitation pour les organisateurs d’activité de coavionnage. Autrement dit : la messe est dite !

L’obtention d’un CTA est un parcours du combattant administratif et financier qui demande des années de paperasse pour une compagnie aérienne qui exploite ses avions, alors l’imaginer pour une société qui n’est que créatrice de sites Internet, c’est ubuesque ! La DGAC a même proposé la création d’un nouveau groupe de travail aux sites de coavionnage pour les « accompagner dans cette voie en échangeant avec eux sur les spécificités de leur activité. » Une sorte de CTA adapté. C’est presque de la provocation. Les sites de coavionnage Wingly, Coavmi, Offwefly et Wingshare qui ne sont pas dupes, avaient déjà réagi le 12 janvier dernier en lançant une pétition qui a obtenu jusqu’ici plus de 2 500 soutiens.

Le coavionnage, c’est bien ou pas ? Qu’importe !

Au-delà de la question de savoir si cette « activité » est une bonne chose ou pas, on peut déplorer le manque de clairvoyance dont font preuve les dirigeants de l’Aviation civile française. Les États-Unis et l’Angleterre ont dit non au coavionnage. En revanche, le règlement européen N°379/2014 de la commission sur le vol à frais partagés confirme que le coavionnage est légal. L’Allemagne l’autorise. C’est d’ailleurs vers le marché outre-Rhin que Wingly, l’un des sites de coavionnage, va s’orienter : « en attendant de pouvoir démontrer le bien-fondé de notre démarche à la DGAC, nous allons installer notre activité en Allemagne où la LDA autorise les vols partagés. Ce qu’il faut savoir c’est que contrairement à ce qu’indique le lobby des transporteurs, 75% des vols passant par notre site sont des vols de découverte autour du point de décollage. Les vols d’un point A à un point B correspondent très souvent à des allers-retours dans la journée. Nous avons clairement affaire à des vols de loisir. Et le vol à frais partagés est légal en France depuis l’arrêté du 31 juillet 1981 » indiquent Bertrand Joab-Cornu et Emeric de Waziers, cofondateurs de Wingly.

La question du coavionnage méritait un traitement plus approfondi et surtout plus en phase avec une réalité, une époque. À l’heure où les réseaux sociaux régissent nos vies professionnelles et/ou personnelles, le fait de tirer un trait sans chercher à comprendre, évaluer et traduire des attentes n’est pas une réaction saine. Il y a une attente, un modèle économique pour les sites Internet, pourquoi ne pas prendre le temps de mieux le comprendre, de mieux l’évaluer que ce soit au niveau de la sécurité, des responsabilités, des conditions d’assurance et des formations des pilotes concernés. Le marché balbutiant des sites Internet n’a pas la capacité de créer une véritable concurrence auprès des compagnies aériennes aussi petites soient-elles. Elle aurait même pu profiter directement aux pilotes professionnels qui avaient toute légitimité de voir arriver une nouvelle clientèle demandant un niveau supérieur dans les prestations, une fiabilité dans les horaires. Avec une compagnie aérienne, le passager a l’assurance contractuelle de partir d’un point A et d’arriver à un point B sans le stress de se retrouver coincé à mi-chemin sur un aérodrome désert à 10 km de la première ville ! Les habitudes des vrais consommateurs de voyages aériens n’allaient pas être modifiées de façon significative. « Nous posons comme contrat le fait que la pression “objectif / destination” soit interdite. » Autrement dit le passager s’engage à accepter le fait que le vol est un vol amateur et de loisir et qu’en aucun cas il ne doit poser une pression pour arriver à la destination prévue initialement, si les conditions ne sont pas favorables », poursuit Emeric de Waziers.

Cette décision couperet oppose une réglementation qui ne règle rien. Les pilotes « au noir » resteront des pilotes « au noir ». Ceux qui transportent des matières illicites travaillaient bien avant la création d’Internet et continueront à le faire avec ou sans. Les pilotes qui voyaient dans le développement de cette activité une occasion de voler un peu plus souvent et de faire découvrir leur activité à un nombre de gens moins restreint, resteront quant à eux, seuls, confinés dans leurs tours de piste. Ces jeunes start-up ont le mérite de donner un coup de pied dans la fourmilière ; elles n’allaient pas réinventer l’aviation légère ni ruiner les compagnies aériennes patentées… mais auraient pu offrir une vraie opportunité de voir les avions voler plus souvent et pourquoi pas de créer de nouvelles vocations !
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