Miné par les incidents, les accidents et le blâme des autorités américaine et européenne, le transport aérien indonésien va devoir fournir de gros efforts pour redorer son blason. L’Indonésie a donc appelé l’IATA et l’OACI à l’aide. Le gouvernement a rencontré des responsables des deux organisations internationales à Bali les 2 et 3 juillet. Avec leur soutien, le pays prendra toutes les dispositions nécessaires à l’amélioration de la sûreté et de la sécurité des vols.
La première, incluse dans l’accord conclu avec l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale), prévoit la restructuration de la Direction Générale du Transport Aérien. La capacité de supervision de l’institution indonésienne sera notamment renforcée par la mise à disposition des moyens financiers et du personnel dont elle aura besoin pour appliquer correctement les mesures de correction à mettre en œuvre. Le gouvernement s’est également engagé à plus de transparence dans les enquêtes concernant les accidents sur le territoire. Enfin, il va conduire davantage de vérifications de sécurité, aussi bien auprès des compagnies qu’auprès des aéroports, ce qui n’était pas le cas auparavant.
L’Indonésie a également été intégrée au programme PfS (Partnership for Security) de l’IATA (International Air Transport Association) le 3 juillet, chargé de préparer les compagnies aériennes à la certification IOSA (IATA Operational Safety Audit). Afin d’améliorer les standards opérationnels des compagnies en Indonésie, l’organisation leur fera suivre des séminaires destinés à leur inculquer les pratiques les meilleures, analysera au cas par cas les manquements à la sécurité puis leur donnera une formation à la sûreté.
Ces accords interviennent quelques jours après que l’Union Européenne a annoncé l’ajout de tous les transporteurs indonésiens à la liste noire des compagnies aériennes à partir du 6 juillet. Si cette décision n’est pas importune dans la pratique, puisque aucune d’entre elles ne dessert le territoire européen, elle nuit fortement à leur image et pourrait avoir le même effet sur le tourisme. L’UE déconseille en effet ainsi à ses ressortissants d’emprunter les compagnies locales pour se rendre à différents points de l’archipel, qui ne sont pas forcément desservis par les compagnies étrangères. La FAA américaine (Federal Aviation Administration) avait quant à elle rétrogradé l’Indonésie en catégorie 2, montrant ainsi que l’autorité de l’aviation civile du pays ne répondait pas aux standards de l’OACI.
Cette descente aux enfers du transport aérien en Indonésie fait suite à des incidents répétitifs (fuselages brisés, sorties de pistes) mais surtout aux deux accidents qui ont frappé le pays depuis le début de l’année. Au Nouvel An, un Boeing 737-400 d’Adam Air avait disparu dans le détroit de Macassar avec 102 personnes à son bord. Le même type d’appareil, appartenant cette fois à la compagnie nationale Garuda Indonesia, s’était ensuite écrasé à l’atterrissage au mois de mars, faisant 21 victimes.
Loin de faire preuve de mauvaise volonté, les autorités indonésiennes ont mené un audit et publié des résultats révélant qu’aucune compagnie aérienne ne se classait dans la première catégorie de standards. Depuis, elles ont pris différentes mesures pour y remédier, notamment en interdisant à certaines compagnies de voler. Garuda Indonesia a quant à elle lancé le renouvellement de sa flotte en commandant 25 B737-800 qui lui seront livrés à partir de 2009. Mais maintenant, l’Indonésie n’est plus seule. Son transport aérien devrait rapidement être réhabilité.