Le transport aérien français reste plongé dans un océan d’incertitudes. A l’occasion de ses vœux à la presse, la FNAM a rappelé que, si la bonne santé du transport aérien avait été confirmée au niveau mondial en 2024, elle est le fait des autres régions du monde. L’Europe perd en effet du terrain, tandis que les difficultés des opérateurs français ne s’améliorent pas et promettent même de se renforcer encore avec la possible reprise du projet d’augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA). C’est pourquoi le syndicat appelle de nouveau l’Etat à élaborer une vraie stratégie politique pour soutenir le secteur.
La FNAM rappelle que le trafic en France a quasiment retrouvé son niveau pré-covid (99 %) mais que des changements structurels sont confirmés. Le trafic international a en effet largement dépassé son niveau de 2019 (150,8 millions de passagers contre 145,5 millions de passagers), porté notamment par le développement des compagnies low-cost.
Un « inexorable déclin » sur le domestique
Au contraire, le trafic intérieur continue son « inexorable déclin », selon les mots de Pascal de Izaguirre, le président de la FNAM, qui souligne qu’il a représenté 20,2 millions de passagers en 2024. Le constat pourrait être alarmant s’il n’avait pas « été intégré par les compagnies aériennes ». Sur les transversales (liaisons de province à province), le trafic est retombé à son niveau de 2016. Pire, sur les radiales (Paris – province), il a régressé de quarante ans, renouant avec le niveau constaté en 1984.
Un point rapide a par ailleurs été fait sur les tarifs des billets d’avion, qui ont augmenté de 1,6 % en moyenne. Un rythme moins rapide que l’inflation et moins soutenu que ces dernières années. Sur les liaisons outre-mer en particulier, les tarifs ont stagné voire légèrement baissé.
2025 sera de nouveau une année d’incertitude
Le contexte dans lequel évolue le transport aérien français et européen reste empreint d’incertitudes, comme lors des années précédentes. Il continue de subir les effets de l’instabilité géopolitique partout dans le monde, des difficultés de la chaîne d’approvisionnement « qui risquent de perdurer » et de la mise à niveau des systèmes des services de la navigation aérienne.
A cela vient s’ajouter une hausse des coûts, qui elle aussi semble inexorable et s’organise en trois paquets : la taxe T2S (qui doit permettre de compenser les pertes des aéroports durant la crise), le paquet environnemental européen « Fit for 55 » et la transition écologique en France. Tout ceci représente un surcoût de 1,3 milliard d’euros pour le transport aérien français, que Pascal de Izaguirre juge « considérable ». La FNAM estime par ailleurs que ces hausses pourraient mener à des hausses tarifaires de 3,68 % en 2025, une perte de trafic de 2,77 % et la destruction de près de 16 000 emplois.
Dans ce cadre, le rétablissement de l’augmentation de la TSBA alimente cette tendance du gouvernement « à s’auto-saborder ». Seule certitude ici : en l’état actuel des choses, le pavillon français est bien parti pour poursuivre son érosion, qui se monte à un point par an. Sa part de marché se trouve actuellement à 37,5 %.
Pour une réorientation de la politique française du transport aérien
Alors que la FNAM est contrainte de réaliser elle-même les études d’impact des mesures envisagées par un gouvernement qu’elle n’a toujours pas pu rencontrer, elle dresse de nouveau les axes que devrait suivre le soutien gouvernemental (au niveau français mais aussi européen). « Nous prêchons dans le désert, mais nous allons continuer », plaisante (à moitié) Pascal de Izaguirre.
La priorité revient au développement de la filière de carburant durable d’aviation (SAF). Le transport aérien est en effet très inquiet de voir qu’il n’a pas lieu. Les compagnies estiment pouvoir trouver l’approvisionnement nécessaire pour respecter les quotas à moyen terme mais demandent le maintien (mis en danger par l’annulation de 500 millions d’euros de crédits France 2030) et le renforcement du soutien au développement de la filière et des carburants synthétiques en particulier.
En parallèle, la FNAM demande à l’Etat de préserver des conditions concurrentielles équitables – et notamment de renoncer à l’accord avec le Qatar. Enfin, elle souhaite s’assurer de l’accessibilité garantie aux aéroports et de l’efficacité des infrastructures, notamment en vue de l’entrée en vigueur (repoussée et qui sera progressive) du système EES (entry-exit system).