Si les projets de nouvelles compagnies aériennes sont pléthores et plutôt lents à éclore en Afrique de l’Ouest francophone, plusieurs ont pris leur envol ces deux dernières années. Deux types de transporteurs se distinguent : ceux à vocation régionale et les opérateurs intercontinentaux.
Parmi les compagnies désireuses de désenclaver l’Afrique de l’Ouest, Asky et Air Côte d’Ivoire sont les plus prometteuses. Asky se veut la remplaçante d’Air Afrique et bénéficie du soutien puissant d’Ethiopian Airlines qui a fait de Lomé son hub régional. Air Côte d’Ivoire est quant à elle la nouvelle compagnie porte-drapeau de la Côte d’Ivoire et a été lancée en novembre 2012 avec, notamment, le soutien d’Air France. La compagnie remplit pour le moment ces objectifs et dessert onze destinations au départ de son hub d’Abidjan, avec deux A319 (ex-Air France Dedicate) et un Embraer 170 (photo).
La participation d’une compagnie étrangère n’est toutefois pas toujours gage de réussite. Korongo Airlines, lancée en avril 2012 avec Brussels Airlines, a du mal à se développer. Ses deux BAE 146 ont quitté la flotte récemment, ne laissant plus qu’un seul 737-300 opérer pour la compagnie de République Démocratique du Congo et mettant en question sa viabilité.
Enfin, Sénégal Airlines fait également partie de ces start-up. Lancée en 2011 après l’échec d’Air Sénégal, la nouvelle compagnie nationale dessert quatorze destinations au départ de Dakar avec trois A320 et un ATR 72-200.
Deux autres transporteurs ont récemment vu le jour mais ont opté pour un modèle légèrement différent : la desserte de la France, l’un des principaux marchés des passagers d’Afrique de l’Ouest francophone. Ainsi, ECAir est devenu la compagnie porte-drapeau de la République du Congo. Bien qu’elle figure sur la liste noire européenne, elle dessert Paris depuis sa base de Brazzaville grâce à un partenariat avec PrivatAir et Lufthansa Technik. La compagnie suisse exploite pour elle deux 737-300 et un 757-200 – un second exemplaire doit intégrer la flotte. Elle relie également la capitale congolaise à Pointe-Noire et Ollombo.
Camair-Co a pensé ses opérations de la même façon. Son premier vol, en mars 2011, a relié Douala à Paris, en 767-300ER. La compagnie porte-drapeau camerounaise exploite également deux 737-700 avec Winglets qui lui permettent de desservir sept destinations régionales.
Et, comme l’histoire tend à se répéter, une nouvelle compagnie est en gestation depuis plusieurs années, dont l’ambition est de recréer Air Afrique. Si Asky a été plus rapide sans trop de difficulté, Air Cemac se construit petit à petit. Créée en 2001 sous l’impulsion de six pays – Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Congo, Guinée Equatoriale et Gabon –, elle a même un président, Alfred Bouba Dalambaye. Elle devait initialement être lancée avec South African Airways mais les négociations ont échoué lorsque la compagnie sud-africaine a voulu déplacer le siège d’Air Cemac de Brazzaville vers Douala.
Désormais, le partenaire stratégique privé n’est autre qu’Air France, qui détient 34% de participation et est ainsi actionnaire majoritaire (chaque pays impliqué détient 5% et la banque de développement des Etats d’Afrique centrale a 15%). Cependant, l’entrée d’Air France dans le projet ne semble pas avoir mené à une accélération, la compagnie aurait demandé qu’Air Cemac ait le monopole du trafic régional, au détriment des compagnies nationales qui verraient leur mission réduite aux dessertes domestiques.
|
Il y a 25 ans : l’âge d’or de la défunte Air Afrique
Fondée par le Cameroun, la République Centrafricaine, le Congo-Brazzaville, la Côte d’Ivoire, le Dahomey (futur Bénin), le Gabon, la Haute-Volta (futur Burkina Faso), la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad, Air Afrique sera rejointe par le Togo en 1965 avant le départ respectif du Cameroun et du Bénin en 1971 et 1977. En 1988, la compagnie africaine desservait 22 pays du continent et reliait également Paris, Bordeaux, Nice, Genève, Zurich, Rome, Las Palmas, New York et Djeddah. Air Afrique employait plus de 5200 salariés à cette époque et alignait une flotte de 10 appareils : 3 DC10-30, 3 A300B4, 2 727-200 et deux DC8 cargo. Air Afrique suspendra ses opérations en novembre 2001, lourdement endettée et dans l’impossibilité de mener un plan de redressement dans un contexte économique incertain (attentats du 11 septembre). |
Créée en 1961 par le Traité de Yaoundé avec le concours de onze pays d’Afrique, d’Air France et d’UAT, la Société Aérienne Africaine Multinationale, mieux connue sous son appellation commerciale Air Afrique, deviendra l’une des plus importantes compagnies aériennes du continent.
