Comme prévu, Airbus Group vient de présenter à l’ensemble de ses syndicats européens le très attendu volet social du plan « Gemini », le programme de fusion entre la structure groupe et sa grande filiale dédiée aux avions commerciaux. Airbus réalise aujourd’hui plus de 70% du chiffre d’affaires du groupe européen.
Thierry Baril, le directeur des ressources humaines au sein des deux entités, aura ainsi la lourde tâche de conduire les négociations pour une réduction progressive des effectifs estimée à 1 164 personnes d’ici la fin 2018, sur les quelque 136 000 que compte aujourd’hui le groupe, majoritairement en France (640) et en Allemagne. Trois cent vingt-cinq postes seront par ailleurs redéployés suite aux déménagements définitifs des sièges de Suresnes et d’Ottobrunn vers Toulouse (hors Airbus Defence and Space). Airbus va cependant aussi créer de 230 nouveaux postes sur des « compétences essentielles », notamment pour la poursuite de sa digitalisation.
Évidemment, le groupe Airbus est une entreprise en bonne santé et certains ne manqueront pas de rapprocher cette stratégie à la financiarisation grandissante de l’économie mondiale, au regard notamment de son carnet de commandes qui atteint un niveau record dans les avions commerciaux.
C’est évidemment faire abstraction des difficultés apparues depuis quelque temps sur de nombreux programmes civils et militaires et qui vont nécessairement peser sur les résultats annuels du groupe. La conjoncture dans les hélicoptères civils est toujours particulièrement mauvaise, impactée par l’atonie du secteur pétrolier et gazier, l’A400M peine encore à respecter son calendrier et les réductions des cadences sur l’A330 et l’A380 se font incontestablement aujourd’hui sentir dans les finances du groupe.
Les derniers programmes d’avions commerciaux d’Airbus n’auront pas non plus été épargnés cette année, avec les difficultés rencontrées par certains fournisseurs que l’on connaît, même si de grosses améliorations sont apparues ces dernières semaines. Les désormais célèbres « planeurs » du programme A320neo commencent ainsi à disparaître, petit à petit, avec l’augmentation des cadences chez Pratt & Whitney et le mois de décembre promet déjà d’être un mois exceptionnel pour l’A350-900.
Mais le plan Gemini n’est évidemment pas là simplement pour venir pallier les accidents de parcours que peut connaître le grand groupe aéronautique et spatial européen à court et moyen terme. Après avoir manoeuvré avec succès pour libérer Airbus de l’influence des États, Tom Enders, va désormais conduire son groupe vers une toute nouvelle ère avec une structure beaucoup plus agile, qui s’affranchira des véritables silos créés par le développement parallèle des différentes entités, avec des processus décisionnels beaucoup plus efficaces. Le chemin vers la première place mondiale avant la fin de la décennie est tout tracé.
