Ayant obtenu le feu vert des autorités européennes, américaines et, enfin, chinoises, UTC a racheté Rockwell Collins. Annoncée il y a un petit peu plus d’un an, l’acquisition avait secoué le monde de l’aéronautique et fait grincer des dents chez les avionneurs et les grands équipementiers car le géant UTC allait encore grossir. En effet, avec un chiffre d’affaires de près de 67 milliards de dollars (en 2017), la combinaison UTC – Rockwell Collins atteint le niveau d’Airbus Group.
Cette acquisition suit la tendance à la consolidation dans le secteur, qui avait déjà vu l’absorption de B/E Aerospace par le même Rockwell Collins mais aussi le rachat de Zodiac Aerospace par Safran notamment. Une consolidation vue en partie comme une réaction à la volonté des avionneurs de faire baisser les prix de leurs fournisseurs et d’en réduire le nombre. UTC se donne ainsi plus de poids pour réduire l’impact de ces baisses tout en se rendant encore plus incontournable puisque présent dans toutes les parties de l’avion : moteurs, avionique, équipements cabine, trains d’atterrissage et systèmes divers. Il affermit également sa position dans l’après-vente, un secteur de plus en plus attaqué par Airbus et Boeing et qui représente 40% du chiffre d’affaires d’UTC.
Evoquée depuis un an, la scission des activités du conglomérat, laissant leur indépendance à Otis et Carrier (30 milliards de dollars de chiffre d’affaires à elles deux) pour ne conserver que les activités aéronautiques (Pratt & Whitney et Collins Aerospace qui résulte de la combinaison Rockwell Collins et UTAS) dans le giron d’UTC semble à première vue aller à l’encontre de cette stratégie. Et pourtant…
En faisant cela, UTC évite une disproportion entre ses différents secteurs d’activité, dans laquelle l’aéronautique pèserait à elle seule 55%. Le groupe suit aussi l’avis de ses investisseurs qui estiment que chaque entité séparée gagnera en valeur et sera ainsi plus justement valorisée en bourse. « Il y a de la force dans ces chiffres […] et UTC est un succès mais il serait probablement encore plus efficace avec trois entités », expliquait son PDG Gregory Hayes en octobre. Et le but n’est pas seulement de faire plaisir aux investisseurs : se focaliser sur les activités aéronautiques permet d’améliorer la flexibilité du groupe, rendant plus rapides les prises de décisions et la croissance. Pour que son poids grandisse encore dans l’industrie.
