L’enquête consacrée au tragique accident du 737-800 de la compagnie Flydubai à Rostov-sur-le-Don ne fait que commencer, mais déjà de très fortes suspicions semblent se concentrer sur la remise de gaz engagée par l’équipage lors de sa seconde tentative d’approche, une opération qui, si mal gérée, peut conduire à une perte de contrôle de l’appareil.
Si cette hypothèse était vérifiée, cette nouvelle tragédie viendrait hélas compléter la longue liste des accidents et incidents directement liés à la remise de gaz, une procédure effectuée relativement rarement par les pilotes, mais qui est régulièrement pratiquée en simulateur lors des sessions d’examens périodiques.
De nombreuses autorités ont déjà largement planché sur les PARG (Pertes de contrôle de la trajectoire en phase d’Approche lors de la Remise de Gaz) et notamment le BEA français qui avait publié une longue étude traitant du sujet en 2013, mettant en lumière les difficultés à maintenir à l’équilibre le couple assiette/poussée durant la procédure, avec des facteurs aggravants venant ensuite s’ajouter comme la modification automatique du trim ou la perte de références visuelles (ce qui était le cas à Rostov-sur-le-Don à l’altitude de la seconde remise de gaz), engendrant des illusions sensorielles.
Les conséquences peuvent aussi bien prendre la forme d’un décrochage à basse altitude qu’une volonté de l’équipage à piquer pour contrer une sensation erronée de prise d’assiette trop élevée.
Bien sûr, toutes les conditions étaient sans doute réunies ce jour-là pour qu’une telle catastrophe se produise : un départ en retard de Dubaï, un vol relativement long pour un monocouloir qui se termine de nuit, une météorologie difficile voire impossible à l’arrivée, une première remise de gaz effectuée avec succès, suivie de deux heures de circuits d’attente dans l’espérance d’une amélioration des conditions en vigueur, entraînant une charge de travail supplémentaire…
Si le modèle low-cost n’est évidemment pas à remettre en cause, les conditions de travail au sein de la compagnie Flydubai, petite soeur régionale du géant Emirates, ne manqueront certainement pas d’intéresser aussi les enquêteurs. L’équipage était-il victime d’une certaine pression hiérarchique qui aurait pu le décourager à dégager sur une plateforme où la météo était plus favorable ?

