« Contrairement à la bonne, voire à l’excellente situation actuellement rencontrée par la plupart des élèves ENAC au terme de leur formation (c’est notamment le cas des ingénieurs), la situation de l’emploi des pilotes de ligne en France est difficile aujourd’hui », constate Jean-Louis Latieule, chef de cabinet de Marc Houalla, directeur de l’ENAC. Depuis que la compagnie aérienne Air France a gelé ses embauches et suspendu son cursus « Cadet Air France », les quelque 40 EPL qui sortent chaque année de l’ENAC, mais aussi ceux issus de cursus privés peinent à trouver un emploi de pilote de ligne à l’issue de leur formation.
Toutefois, l’espoir n’est pas tout à fait perdu pour les EPL de l’ENAC puisque depuis peu, Lufthansa s’est rapprochée de l’école pour recruter directement les élèves pilotes de ligne à la sortie de leur formation. Néanmoins, une condition a été posée : les EPL doivent maîtriser l’allemand. Pour ne pas les pénaliser, l’ENAC a noué un partenariat avec Goethe Institut où 13 anciens EPL ont déjà été formés.
Sur l’ancienne promotion sortit de l’ENAC en 2011, une dizaine travaille pour une compagnie aérienne européenne (Ryanair, Easyjet et Lufthansa), certains sont instructeurs de vol dans des aéroclubs ou chez les avionneurs Airbus ou ATR et enfin d’autres travaillent en tant que pilotes pour de petites compagnies en Afrique ou en Asie. « La formation pilote de ligne est comme la formation ingénieur, vous formez les étudiants, mais vous ne savez pas où ils finiront », remarque Marc Houalla.
Des cadets snobés par les compagnies aériennes
C’est une réalité en Europe. La plupart des compagnies aériennes ne recrutent pas de cadets à cause de leur manque d’expérience et surtout d’heures de vol. Certaines compagnies exigent jusqu’à 1 500 heures de vol. C’est le cas des compagnies du Golfe ou encore de British Airways. Au contraire, quelques grandes compagnies aériennes comme Lufthansa ou les low cost Ryanair et Easyjet sont moins exigeantes.
Conseils d’un professionnel
Jean-Louis Latieule délivre quelques conseils aux jeunes passionnés par le métier de pilote de ligne qui veulent se lancer dans la formation : « On a toujours connu une alternance de cycles d’emploi positifs et négatifs. Lorsqu’on a le goût pour le métier de pilote de ligne, il faut intégrer l’aléa toujours possible d’une situation d’emploi difficile. Les fluctuations économiques, le plus souvent à l’origine de telles difficultés, connaissent de brutales inversions. Ainsi, on peut commencer sa formation dans un contexte d’emploi favorable et la clore dans un contexte dégradé et inversement. Il faut avoir un grand sens des responsabilités.
Par ailleurs, en ce qui concerne la visite médicale, je conseille vivement aux candidats de consulter sur notre site internet (www.enac.fr) les normes d’aptitude puis leur médecin traitant s’ils ont un doute quant à leur aptitude médicale. Cette visite « de précaution », qui n’est bien sûr pas la visite d’aptitude officielle seulement possible dans des centres spécialisés, peut être réalisée l’année du concours, car les normes peuvent évoluer d’une année à l’autre. »