La peur et le sacro-saint principe de précaution viennent encore de frapper durement le transport aérien français, ou du moins ce qu’il en reste. Le durcissement des conditions d’entrée pour les voyageurs en provenance d’un pays situé hors de l’Union européenne, les quarantaines désormais imposées en Guadeloupe et en Martinique, la suspension des vols vers Mayotte, la réduction des fréquences vers la Guyane, toutes ces mesures sensées freiner, à défaut de stopper, l’arrivée de certains variants du coronavirus vont nécessairement encore plus impacter un secteur qui ne cesse de vouloir lutter pour sa survie depuis dix longs mois.
La palme revient sans aucun doute au quai d’Orsay et à son judicieux communiqué déconseillant « totalement et strictement » tout déplacement international « jusqu’à nouvel ordre », une information qui n’a, bien entendu, pas valeur d’interdiction, mais qui vient assurément de plomber toute l’activité du secteur pour au minimum un trimestre.
Comprenons-nous bien : la généralisation des tests PCR avant un retour vers la France et l’isolement de sept jours une fois arrivé sont des mesures qui ont du sens et qui sont déjà pratiquées dans de nombreux autres pays. Elles auraient même pu être mises en place un peu plus tôt, tant les aéroports français sont apparus comme de véritables passoires comparativement à d’autres plateformes européennes, et ce depuis le mois de mars. Ce qui est vraiment critiquable, c’est toujours ce manque de préparations, des mesures qui tombent sans concertation avec les acteurs concernés (aéroports, compagnies aériennes, acteurs du tourisme), sans harmonisation avec les mesures de nos voisins européens…
Le transport aérien français restera donc plongé dans ses incertitudes « jusqu’à nouvel ordre », avec un premier semestre qui risque de ressembler en tout point à ce qu’il vient de vivre ces six derniers mois. Il restera incontestablement sacrifié par le gouvernement pour des raisons qui ne sont plus vraiment légitimes, mais qui restent simples à faire comprendre au plus grand nombre dans une crise profonde qui s’éternise.
Combien de temps ces nouvelles mesures vont-elles faire gagner sur l’évolution de la pandémie en France ? Quelques jours tout au plus ? Elles ne rattraperont certainement pas le temps véritablement perdu avec le fiasco de la stratégie « tester, tracer, isoler », ni les retards d’un plan de vaccination qui aurait dû être bien mieux préparé, et bien plus tôt.

