On l’annonçait avec Honeywell l’année dernière, mais c’est finalement avec Rockwell Collins que le géant United Technologies a décidé de se marier, créant de fait le numéro trois mondial du secteur, juste derrière le duopole Airbus-Boeing et devant Lockheed Martin.
Pas sûr d’ailleurs que ces trois acteurs voient d’un très bon oeil l’émergence de ce nouveau géant de l’aéronautique, présent « nose-to-tail » sur de nombreux programmes et en particulier sur des appareils commerciaux comme le 787, le 737 MAX et le futur 777X. Avec cette fusion, UTC devient d’ailleurs de fait le tout premier fournisseur d’équipements pour l’avionneur américain, le nouveau géant réalisant aujourd’hui 75% de ses ventes dans l’aviation commerciale.
Airbus a de son côté déjà prévenu qu’il souhaitait qu’UTC reste plutôt concentré sur la résolution de ses problèmes industriels plutôt que sur la problématique de l’intégration de Rockwell Collins, étant particulièrement impacté par les défauts qui s’accumulent sur le PW1100G-JM de Pratt & Whitney et qui plombent une bonne partie du ramp-up de l’A320neo.
Évidemment, le rapport de force entre les avionneurs et ce nouveau géant risque d’être modifié, la supply chain étant confrontée à une pression sur les coûts au regard des objectifs de rentabilité des donneurs d’ordres, qui affichent d’ailleurs des marges moins importantes que leurs fournisseurs de rang 1.
Il en va de même au niveau des services, un marché que les avionneurs entendent bien développer dans les prochaines années et sur lequel les motoristes et équipementiers sont déjà très présents. Les services après-ventes représentent à eux seuls déjà 40% de l’activité combinée d’UTC et de Rockwell Collins.
Il n’en demeure pas moins qu’avec ce nouveau rapprochement, le secteur montre encore une fois à quel point sa consolidation est en marche, et plus particulièrement aux États-Unis. La création d’UTAS (UTC Aerospace Systems), née du rachat de Goodrich, n’a que cinq ans et Rockwell Collins vient à peine de digérer l’acquisition de B/E Aerospace. Bien sûr, les choses tendent aussi à bouger sur le « Vieux Continent », à l’instar du prochain rachat de Zodiac Aerospace par le groupe Safran, mais il reste encore sans doute beaucoup à faire, notamment au regard de l’absence de politique industrielle commune en Europe.
