Le secteur de la MRO devient de plus en plus une commodité, les compagnies aériennes choisissant désormais simplement leurs services de maintenance, souvent comparable, sur le seul critère du tarif facturé. SR Technics (SRT), l’ancienne division maintenance de Swissair et de SR Group, souffre ainsi d’un manque de compétitivité cruelle par rapport à ses concurrents directs, ses installations principales étant implantées sur la plateforme aéroportuaire de Kloten, à proximité de Zurich, ville réputée comme étant l’une, sinon la plus chère au monde.
Pour Michael Sattler, SVP, Head of Aircraft Services chez SR Technics, la société de maintenance suisse a toujours été reconnue comme un gage de qualité et de respect des délais, mais « ce que nous avons du mal à faire c’est rester compétitif sur les prix ». Il ne cache pas non plus que la récente montée du franc suisse par rapport à l’euro n’est pas là pour arranger les choses. Heureusement, SR Technics continue à assurer la grande majorité des travaux de maintenance ou de réaménagent de la flotte de sa voisine Swiss (groupe Lufthansa), mais les deux entités étant pleinement indépendantes, tout nouveau contrat est désormais soumis à appel d’offres.
Aussi, une nouvelle orientation stratégique a été lancée par la direction de SRT, avec le plein soutien de son actionnaire émirati Mubadala. Elle vise à assurer un nombre croissant de réaménagements cabine pour les avions commerciaux. Pour ce faire, le « Center of Excellence for Cabin Modification » a été créé à Kloten dans le « Bogenhangar », le hangar historique de la plateforme construit en 1948. Ce hangar est entièrement privatisable pour des raisons de confidentialité et dispose de locaux VIP.
Le respect des délais est un argument particulièrement important pour la reconfiguration d’un avion de ligne et les ingénieurs de SRT connaissent les impératifs des compagnies aériennes de par ces origines en tant qu’ancien « Airline MRO ». Michael Sattler a également rappelé les nouvelles tendances du marché (nouveaux produits en classe affaires, émergence de la classe économique premium, multiplication des services de connectivité…) font apparaître de nouvelles opportunités dans le réaménagement des avions, notamment pour les gros-porteurs. Le patron des services de SRT a également constaté que « certains VIP préfèrent aujourd’hui voler en Première classe sur un A380 entre Zurich et Singapour qu’utiliser leurs propres avions d’affaires », compte tenu de l’amélioration des produits proposés sur les long-courriers réguliers.
Pour Michael Sattler, SRT compte bien profiter de ce marché en forte croissance tout en proposant par exemple aux compagnies de combiner leur réaménagement avec une visite de maintenance lourde programmée (Heavy C-Check). « On ne veut pas être les moins chers, on veut être les meilleurs » a-t-il déjà prévenu.
Bien sur, SR Technics sait aussi faire du low-cost, à l’image de sa division implantée à Malte spécialisée dans la maintenance des monocouloirs et qui assure par exemple le soutient de toute la flotte de la compagnie easyJet, aussi bien sur les cellules que sur les pièces détachées. « Cette activité marche très bien et reste un élément important de notre stratégie » poursuit Michael Sattler.
L’exemple du réaménagement des cabines des long-courriers de la compagnie SAS
L’un des premiers clients de cette nouvelle stratégie est le transporteur scandinave SAS qui a fait appel à SR Technics pour réaménager rapidement ses A330 et A340 avec son nouveau produit long-courrier dans toutes les classes. Toute la flotte long-courrier de la compagnie aura ainsi été complètement réaménagée en moins d’un an.
Un A330-300 de Scandinavian était d’ailleurs présent à l’intérieur du « Bogenhangar » à Zurich durant notre visite, « Sigrid Viking » (MSN0515) tenant de justesse dans les installations avec son radôme démonté. « Il s’agit du deuxième A330 de SAS à être réaménagé à Zurich » nous a précisé Knut Ness, Senior Project Manager – Technical Operations chez SAS. Le gros-porteur est arrivé à Kloten mi-mai et doit impérativement rejoindre le hub de la compagnie à Copenhague le 14 ou 15 juin prochain « car dans le cas contraire nous serions obligés d’annuler des vols » a-t-il prévenu.

Knut Ness, Senior Project Manager – Technical Operations chez SAS à bord de Sigrid Viking. Photo © SR Technics
Il sera suivi par un premier A340-300 le 28 septembre prochain. « L’A340 est un avion qui fonctionne bien pour nous et nous avons finalement décidé d’en réaménager quatre et non plus trois comme ce qui était initialement programmé » a-t-il révélé, ajoutant que les trois quadriréacteurs restant allaient quitter la flotte avec l’arrivée des nouveaux A330-300 certifiés à 242 tonnes. Les ingénieurs de SRT s’occuperont également de la certification de la nouvelle cabine des A340 (STC), qui diffère notamment de celle des A330 par le fait que les quadriréacteurs disposeront aussi de sièges en classe affaires en zone 2.
La nouvelle cabine des long-courriers de SAS a été introduite en début d’année et seulement 18 mois après sa conception, un record. Elle comprend de nouveaux sièges en classe affaires (fauteuils monobloc full privacy Vantage XL produits par le Britannique Thompson Aero Seating en configuration 1-2-1), les sièges économiques 5751 produits par Zodiac aux États-Unis (ex-Weber) ainsi que la nouvelle classe économique premium (baptisée SAS Plus) qui dispose du siège 5810 de Zodiac en configuration 2-3-2 avec un pitch de 38 pouces.

La première rangée des sièges centraux de la classe SAS Plus sortant de leur carton d’emballage. Photo © Le Journal de l’Aviation

La finition de l’installation de la nouvelle cabine SAS Plus à bord de l’A330. Photo © SR Technics
Le réaménagement comprend aussi l’installation du système IFE « seat centric » de Zii (Zodiac Inflight Innovations) avec des écrans de 15 pouces en classe affaires, de 12 en SAS Plus et de 9 pouces en SAS Go. En plus du remplacement de tous les meubles (nouveaux galleys ZPG – Zodiac) et séparateurs, d’un nouvel éclairage à LED compatible mood lighting (HelioJet RGBW) et du système de connectivité Wi-Fi et GSM tout le long de la cabine (suite GCS de Panasonic avec radôme satellitaire eXConnect sur le fuselage).
Comme l’a souligné Knut Ness lors de la visite de la cabine de l’appareil qui était mis a nu pour les nouveaux câblages, « ce qui est cocasse, c’est que cet A330 avait déjà été équipé d’une connectivité satellitaire lors de son introduction en 2003 avec la solution Connexion by Boeing ».

La cabine SAS Plus finalisée. Image © SAS