Après l’effondrement constaté l’année dernière, la lente reprise des activités liées à la maintenance des avions commerciaux est en marche, avec un gros rattrapage anticipé à partir de l’année prochaine (cellule, moteurs, équipements) pour continuer à faire voler une flotte qui retourne progressivement en service.
Pourtant, les derniers chiffres concernant la reprise de trafic estimés par Eurocontrol ne sont pas encore très optimistes, avec un retour du nombre de vols à son niveau de 2019 qui pourrait n’intervenir qu’à la fin 2023, voire même en 2027 dans le scénario le plus pessimiste.
En clair, le secteur MRO reviendra à son niveau de 2019 en 2025 en Europe, au plus tôt.
En attendant, les MRO indépendants ont clairement été les plus fragilisés durant la crise, certains n’affichant même plus qu’une simple activité de parking/stockage depuis des mois. D’autres au contraire ont réussi à limiter la casse en se tournant stratégiquement davantage vers la défense, à l’instar de Sabena technics en France ou d’Atlantic Aviation Group au Royaume-Uni. Certains ont également aussi drastiquement changé de stratégie pour l’avenir, misant sur la maintenance des équipements et les moteurs.
Les shops moteur vont d’ailleurs tirer la croissance du secteur au cours des toutes prochaines années, en particulier sur les réacteurs V2500 et CFM56 présents sur la précédente génération de monocouloirs d’Airbus et Boeing. Les révisions de moteurs, qui étaient d’ailleurs déjà promises à un bel avenir avant la pandémie, vont logiquement être accélérées alors que le « green time » s’épuise progressivement au fur et à mesure de la montée en charge de l’activité des opérateurs.
Autre activité dopée par la pandémie et par l’augmentation mondiale des échanges commerciaux, le marché des conversions P2F s’est littéralement envolé depuis quelques mois, tant au niveau des volumes que sur la multiplication des programmes un peu partout sur la planète. Même l’Europe commence à afficher présente indépendamment des OEM, à l’instar de la récente annonce d’Atitech avec IAI a Naples sur les 737NG, alors que le continent n’est malheureusement pas le mieux placé pour ce type d’activité, très demandeuse en main-d’oeuvre.
La reprise du secteur MRO en Europe sera lente et progressive, très marquée par la concurrence et la pression des opérateurs sur les prix. Mais elle sera aussi source d’opportunités et d’accélérateurs de tendance (poursuite de la digitalisation des hangars et des services, augmentation de la demande sur les pièces détachées reconditionnées), des choix qui devraient s’avérer payants longtemps.
Au salon MRO Europe cette année, les mots qui seront sans doute les plus prononcés seront agilité, réduction des coûts, flexibilité et digitalisation. En fait ce seront aussi les piliers de la reprise.

