Quatre longues années se sont passées depuis la dernière édition du salon international de l’aéronautique et de l’espace (SIAE) du Bourget. Des années marquées par la plus grande crise jamais connue par le secteur, par un rebond qui s’est un petit peu laissé désirer avant de prendre de court nombre d’acteurs par sa force, par des tensions géopolitiques auxquelles personne n’aurait voulu croire… et qui ont poussé compagnies aériennes et industriels à repenser leur mode de fonctionnement et « la manière dont ils connectent le monde », selon les mots de Guillaume Faury, le président d’Airbus et du GIFAS.
Mais, dans un contexte toujours perturbé, la 54e édition du salon du Bourget veut être une célébration. La page des salons des retrouvailles est tournée elle aussi, place aux affaires. 2023 est à un cheveu de marquer le retour des commandes géantes et la finalisation de ces contrats pourrait rythmer la semaine et donner vie à des carnets de commandes un petit peu endormis depuis le début de l’année. Des accords préliminaires (avec Air India pour Airbus et Boeing, Ryanair pour Boeing) restent à confirmer et d’autres contrats de premier ordre sont attendus.
Mais l’effort de communication du secteur sera essentiellement concentré sur deux thèmes : la décarbonation et l’emploi. Plus que jamais, l’aéronautique a besoin de bras. Il lui faut recruter 25 000 personnes cette année, en production, en recherche, en ingénierie, partout. Le désormais traditionnel Avion des métiers présentera toute la semaine aux étudiants les métiers et formations de l’aéronautique et du spatial, tandis que près de 200 entreprises s’attacheront à présenter leurs métiers et leurs postes à pourvoir durant les trois journées grand public.
Le salon du Bourget aura également la tâche d’imposer aux yeux du monde les efforts que le secteur produit en faveur de sa décarbonation et de l’innovation, rêvant de porter un coup à « l’aviation bashing », que Patrick Daher, le commissaire général du salon et président de Daher, « ne supporte plus », alors que le secteur est pleinement conscient de ses responsabilités. Le Paris Air Lab, généralement dédié à la présentation des innovations dans le secteur, se consacrera entièrement au thème de l’aviation verte (avion de demain, énergie décarbonée, industrie décarbonée…). Un focus sera également apporté sur la mobilité urbaine aérienne, avec le Paris Air Mobility qui réunira pour la première fois tous les acteurs de ce secteur. Enfin, 296 start-up seront mises en avant dans le cadre de l’événement Start-me-up, car ce sont elles qui développeront les briques technologiques nécessaires à la réussite de la transition écologique du secteur.
Ce foisonnement d’événements très sérieux destinés à éduquer le grand public ne doit pas effacer l’objectif premier du salon du Bourget : rassembler les visiteurs, passionnés et professionnels, autour d’« une immense fête de l’aviation ». Car entre les avions et les démonstrations en vol (entre trois et quatre heures de présentation selon les journées), des concerts, des jeux et des animations pour tous les âges seront organisés pour célébrer cette « force du bien » qui rassemble.
Tous les ingrédients sont là pour faire un succès de ce salon. Côté professionnels, tous les espaces ont été vendus, 2 485 exposants présenteront leurs nouveautés, venus du monde entier et notamment des Etats-Unis, de Chine et de Turquie, et 158 aéronefs seront présents. Côté grand public, les réservations sont deux fois plus importantes qu’à la dernière édition, en 2019. De belles promesses.
