L’aéronautique reste un secteur porteur pour Alten même si le grand groupe d’ingénierie français a logiquement dû s’adapter à la fin des différentes phases de conception des programmes des avionneurs depuis quelques années, notamment chez Airbus. Laurent Lépinoit, son Directeur Marketing, nous a ainsi exposé au Bourget comment Alten continue à accompagner les donneurs d’ordres aujourd’hui, une stratégie payante dans le cadre du fameux « ramp-up » et en attendant l’arrivée d’avions de nouvelle génération.
La phase de conception des grands programmes tels que l’A380, l’A400M, l’A350 et l’A320neo est désormais terminée et les grandes sociétés d’ingénierie ont dû prendre les devants pour ne pas être trop exposées, notamment dans le Sud-ouest. « La conséquence a été cependant moins violente qu’initialement prévu » observe Laurent Lépinoit qui rappelle que cette activité était le cœur de métier d’Alten. « Nous avons évidemment perdu quelques volumes, mais nous avons aussi remporté des gros work packages comme le mât réacteur de l’A330neo et ses entrées d’air, ça nous a fait du bien et c’était dans la continuité de notre savoir-faire dans la conception et le calcul de ce type de pièces d’aérostructure critiques ».
Alten a une grande expérience sur les mâts prototypes, par exemple quand il a été question d’installer le réacteur Trent XWB de l’A350 sous la voilure d’un A380 pour ses essais en vol. Le mât réacteur de la nouvelle famille d’A330 remotorisés occupe quant à lui entre 30 et 40 ingénieurs dans les locaux d’Alten à Toulouse, en contact quotidien avec le bureau d’étude de l’avionneur.
« La principale conséquence de la baisse du volume a été de nous amener à faire évoluer notre positionnement métier et à nous diffuser sur tout le reste du cycle de l’avion » ajoute Laurent Lépinoit qui précise que le groupe d’ingénierie a commencé à prendre position l’année dernière sur l’environnement de fabrication de l’avion, le « manufacturing engineering », aussi bien chez Airbus que chez d’autres industriels aéronautiques, voire sur d’autres secteurs. Ainsi, après avoir été l’une des cinq grandes sociétés référencées E2S (Engineering Synergy Suppliers) par Airbus dans le cadre de ses activités de conception, Alten a obtenu le référencement ME3S (Manufacturing Engineering Services Strategic Suppliers) l’année dernière pour huit des neuf lots de travaux distribués par l’avionneur européen. « Cela nous confère une bonne position et une vision large sur ce périmètre » poursuit-il en précisant qu’Alten était par exemple intervenu sur la phase de « ramp-up » de l’A350 au niveau de l’usine de Nantes, mais aussi en Espagne, en Allemagne et au Royaume-Uni. « Le référencement ME3S a eu une grande conséquence transnationale » s’est réjoui le Directeur Marketing d’Alten qui a également rappelé que pour la première fois, les activités internationales d’Alten avaient dépassé celles du marché français l’année dernière.
Mais Alten s’est aussi positionné un peu plus loin sur le cycle de production en intervenant sur la supply chain et sur les nouvelles problématiques reliant les lignes d’assemblage et les équipementiers. Laurent Lépinoit nous explique par exemple comment Airbus Helicopters a confié à Alten au début de l’année l’exclusivité de ses approvisionnements ainsi que le pilotage des fournisseurs pour les pièces mécaniques à Marignane pour une durée de quatre ans. « On a mis en place un plateau d’une soixantaine d’ingénieurs qui gèrent l’arrivée des pièces en juste à temps, qui créent des indicateurs et des alertes sur certains fournisseurs, élaborent des plans d’action correctifs et des mises à niveau pour suivre et respecter les cadences de production. » Même si l’aéronautique n’approche pas encore les grands volumes de l’automobile, « la production s’est vraiment transformée en 10 ans dans la logique des augmentations des cadences, elle est devenue une chaîne complexe » constate-t-il.
Laurent Lépinoit nous a également indiqué qu’Alten s’était engagé dans le domaine de la maintenance grâce à l’utilisation de son savoir-faire dans la modélisation 3D. Des filiales spécialisées permettent ainsi au groupe de se positionner encore plus loin dans le cycle de vie de l’avion, par exemple en proposant de la documentation technique en format électronique, des manuels de maintenance sous la forme de tablettes numériques pour des compagnies aériennes, des outils de diagnostics ou de la réalité augmentée.
« Toute l’information qui accompagne le cycle d’un produit depuis sa phase de conception et qui part du modèle 3D est désormais numérique ; c’est ce qui nous tire sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’avion ». Et de conclure « c’est ça l’usine du futur ».