EADS et Northrop Grumman viennent de recevoir une claque. Le GAO (Government Accountability Office), l’audit américain des comptes publics, a annoncé le 18 juin qu’il soutenait la plainte déposée par Boeing dans l’attribution du contrat KC-X au consortium. Il estime en effet que l’US Air Force a commis des erreurs significatives dans l’évaluation des deux propositions d’avions ravitailleurs qui ont affecté le résultat de l’appel d’offres. Il conseille donc à l’armée de rouvrir les négociations. Celle-ci a soixante jours pour rendre sa décision.
Le GAO a notamment découvert que l’armée de l’air ne s’était pas conformée aux critères d’évaluation identifiés dans le cahier des charges pour comparer le KC-45A d’EADS et de KC-767 de Boeing (photo). Contrairement à ce qu’elle y avait inscrit, elle a également utilisé certains avantages de performance du KC-45A dépassant les prérequis comme argument discriminatoire. Enfin, les coûts de production et opérationnels des deux ravitailleurs auraient été mal estimés, toujours en faveur de l’appareil d’EADS et Northrop Grumman.
Le KC-45A avait donc remporté le 29 février la première partie de ce juteux contrat de remplacement des KC-135, pouvant concerner jusqu’à 179 ravitailleurs et atteindre la valeur de 35 milliards de dollars. Mais Boeing a réagi rapidement et déposé une plainte auprès du GAO dès le 11 mars pour vice de procédure, plainte régulièrement alimentée de nouveaux faits au cours des investigations de l’organisme.
L’avenir du contrat est devenu incertain le 5 juin dernier, lorsque le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a renvoyé le chef d’état-major, le Général Michael Moseley, et le secrétaire à l’armée de l’air Michael Wynne. Leur remerciement a été causé par plusieurs fautes graves : par exemple, un B-52 armé de six missiles nucléaires a survolé les Etats-Unis sans que personne soit au courant, des pièces d’armes nucléaires ont été envoyées à Taiwan à la place des batteries d’hélicoptères commandées et les spécifications du contrat sur les ravitailleurs auraient changé à la dernière minute.
L’US Air Force n’est pas près d’avoir ses nouveaux ravitailleurs… C’est en effet la seconde fois que le contrat est remis en question. En 2004, le Congrès avait annulé celui remporté par Boeing pour corruption. John McCain avait joué un rôle important dans cette annulation. Aujourd’hui, même si l’avis du GAO n’est pas contraignant, le contrat est en aussi mauvaise posture. Et si l’armée de l’air choisit de ne pas passer outre, elle a toutes les chances d’attendre encore longtemps les nouveaux Tankers dont elle a si urgemment besoin : les Etats-Unis sont en pleine campagne présidentielle.