Le secteur de l’aviation d’affaires traverse une zone de turbulences depuis quelques mois. Le nouvel élan apparu ces dernières années a subitement ralenti, une tendance qui se confirme d’ailleurs dans toutes les discussions de la 16ème édition de la convention EBACE qui se tient actuellement sur l’aéroport de Genève Cointrin.
Bombardier vient ainsi de mettre à jour ses perspectives à long terme qui accusent une baisse des livraisons de près de 10% par rapport à sa précédente étude publiée l’année dernière. Gulfstream, de son côté, affiche aussi une importante baisse de livraisons depuis le mois de janvier même si l’avionneur de Savannah reste pour l’instant confiant pour le reste de l’année. Il en va aussi de même pour Dassault Aviation qui a vu s’éroder ses ventes d’avions civils ses derniers mois.
Pour son PDG Éric Trappier, la situation actuelle est « une déception », notamment avec les conjonctures chinoise, russe et brésilienne qui étaient jusqu’à présent de véritables leviers de croissance. La situation aux États-Unis, premier marché mondial pour l’aviation d’affaires, commence aussi à afficher quelques signes d’essoufflement, un secteur impacté par une baisse des marges des sociétés et par les incertitudes induites par la prochaine élection présidentielle en novembre.
La baisse des prix constatée sur le marché de l’occasion impacte évidemment les ventes d’avions neufs, une tendance qui touche pratiquement tous les segments de marché, et plus particulièrement les appareils haut de gamme. L’arrivée prochaine de nouveaux programmes, actuellement en cours de développement, se traduit aussi inévitablement par un phénomène de « wait & see » pour beaucoup de prospects, ce qui n’est pas là pour aider. Mais l’Europe semble encore résister, même si le nombre de vols affrétés restera un indicateur à surveiller.
Car plus qu’un véritable outil constitué de formidables machines pour gagner du temps, l’aviation d’affaires est aussi un important soutien à l’économie du vieux continent. Selon l’European Business Aviation Association (EBAA), l’aviation d’affaires génère près de 100 milliards d’euros de retombées économiques, dont 27 milliards pour les seules entreprises du secteur, sans compter les quelque 371 000 emplois directs et indirects. Rien que pour la France, deuxième marché pour l’aviation d’affaires en Europe après l’Allemagne, c’est 24 milliards d’euros qui sont ainsi injectés pour près de 100 000 emplois induits.
L’aviation d’affaires n’a donc pas fini de faire rêver.
			

