Ils sont une soixantaine à ne plus pouvoir voler et une centaine à subir des inspections. A la suite des deux accidents de SAS cette semaine, la flotte mondiale de Bombardier Dash8 Q400 est donc examinée à la loupe par les compagnies aériennes et les autorités des pays concernés depuis le 12 septembre. Dans leur ligne de mire : les trains d’atterrissage principaux des turbopropulseurs, construits par Goodrich.
Ce sont en effet eux qui ont fait perdre deux appareils à la compagnie scandinave SAS en trois jours. Le premier accident a eu lieu le 9 septembre. Le pilote du vol SK 1209 reliant Copenhague à Aalborg, au Danemark, a identifié un problème technique sur son train d’atterrissage droit et s’est préparé à un atterrissage d’urgence. Lorsqu’il s’est posé, celui-ci a cédé, l’aile a touché le sol et des lames du turbopropulseur ont pénétré le fuselage. Seule une dizaine de blessés légers est à déplorer sur les 69 passagers et quatre membres d’équipage présent à bord.
Le même scénario s’est reproduit le 12 septembre lors du vol SK 2748 entre Copenhague et Palanga, en Lituanie. Rencontrant des difficultés techniques, l’équipage a décidé de détourner le vol vers Vilnius. A peine le Q400 avait-il touché le tarmac que le train d’atterrissage, de nouveau celui de droite, s’est affaissé. Il n’y a aucun blessé parmi les 52 occupants de l’appareil.
Avec exactement le même accident à trois jours d’intervalle, Bombardier ne pouvait rester coi. Le constructeur a donc immédiatement adressé une recommandation en direction des compagnies exploitant le turbopropulseur pour qu’elles clouent au sol ceux de leur flotte ayant déjà réalisé plus de 10 000 cycles de vol. Elle concerne une soixantaine d’appareils sur les 160 en service dans le monde.
L’autorité Transports Canada a elle publié une consigne de navigabilité le 12 septembre. Tous les Q400, quel que soit leur âge et le nombre de cycles de vol qu’ils ont effectués, doivent subir une inspection visuelle générale du circuit des trains d’atterrissages principaux gauche et droit. Celle-ci doit également s’étendre au contre-écrou du vérin de rentrée. Il faut en revanche procéder à une inspection détaillée du vérin de rentrée sur les appareils ayant plus de quatre ans de service ou plus de 8 000 cycles. 85 sont concernés par cette dernière directive.
SAS avait pris les devants dès le 10 septembre en lançant des inspections extraordinaires sur tous les appareils de sa flotte de Q400. Ils sont à présent cloués au sol. Même chose pour la compagnie japonaise All Nippon Airways, qui avait déjà connu un problème similaire avec le train d’atterrissage avant d’un Q400 au mois de mars et avait dû poser l’appareil sur le nez. Et ce n’était pas le premier, ANA ayant dû faire face à de nombreux incidents en 2006 avec sa flotte de Q400. Au total, vingt-deux compagnies exploitent des Q400. Japan Airlines et Luxair ont déjà commencé les inspections. Austrian a retiré huit de ses dix Q400 du service, Flybe six sur trente-trois. L’américaine Horizon Air prévoit enfin des centaines d’annulations de vols jusqu’à vendredi.