Alors que Boeing est dans une mauvaise passe qui commence à durer, l’année 2024 semble avoir de nouveau projeté l’avionneur au fond du trou. Avec un chiffre d’affaires en baisse de 14 % sur l’année à 66,5 milliards de dollars, Boeing enregistre une perte opérationnelle de 10,7 milliards de dollars et une perte nette de 11,83 milliards de dollars, en chute libre par rapport aux résultats de 2023, qui montraient un semblant de redressement.
Le quatrième trimestre a été particulièrement difficile, avec une chute de 31 % du chiffre d’affaires. Cette période a en effet subi de plein fouet l’impact de la grève des machinistes de la région de Seattle. A cela sont venues s’ajouter des provisions de coûts sur certains programmes de défense et sur les programmes 777X et 767 (le premier en raison d’un nouveau retard, le second en prévision de son arrêt) pour près de 3 milliards de dollars.
Ces résultats ne sont pas une surprise. Depuis la crise du 737 MAX en 2018, les turbulences se succèdent et 2024 n’a pas dérogé à cette loi des séries, loin s’en faut. Ouverte dès les premiers jours avec le détachement en vol d’un bouchon de porte sur un 737-9, Boeing a dû faire face à une limitation (toujours pas levée) de son rythme de production pour la famille 737 MAX, à une défaillance du propulseur de la capsule Starliner (bloquant les astronautes qu’elle emportait sur la station spatiale internationale), au renflouement puis au projet d’acquisition de Spirit Aerosystems, à une défaillance sur le 777X menant à une suspension des vols d’essais, à un changement de direction, et enfin à une grève de 53 jours qui a provoqué l’arrêt de la production sur tous les programmes sauf le Dreamliner. Le tout en gérant le redressement de la qualité dans ses usines.
Les activités Avions commerciaux et Defense, Space & Security sont ainsi toutes les deux dans le rouge. Les pertes opérationnelles flirtent avec les 8 milliards de dollars pour les Avions commerciaux, et atteignent 5,4 milliards de dollars pour l’activité défense, se creusant profondément par rapport à l’année dernière (où les pertes atteignaient respectivement 1,6 et 1,7 milliard de dollars). Seule l’activité Services tire son épingle du jeu. Elle a en effet vu son chiffre d’affaires augmenter légèrement (+ 4 %) à 19,96 milliards de dollars et a augmenté ses bénéfices opérationnels de 9 %.
Désormais, 2025 se place sous le signe du redressement – encore. L’année démarre sur des notes positives, comme la reprise de la production à Seattle et la remontée en cadence sur le programme 737 MAX (toujours bridée toutefois par la limitation de la FAA qui n’a pas été levée avec le changement de direction dans l’agence), ou encore la reprise des essais en vol pour le programme 777X. Le programme 787 a atteint une cadence de cinq appareils par mois et un agrandissement des installations en Caroline du Sud est programmé pour accélérer encore les livraisons de Dreamliner. Enfin, si les industriels s’accordent à dire que la chaîne d’approvisionnement restera perturbée cette année, des signes d’amélioration se manifestent de ce côté-là aussi.