Le 15 mars 2013, les 40 premiers passagers « civils » pourront monter à bord de l’Airbus A300 ZERO-G, qui accomplit habituellement des campagnes scientifiques. Ils pourront expérimenter le vol parabolique et se retrouver en situation d’apesanteur lors des paraboles qui seront effectuées par l’avion.
Le vol en apesanteur à bord d’un avion pour le grand public, un évènement de taille, annoncé le mardi 4 décembre au siège du CNES, l’agence spatiale française. Yannick d’Escatha, président du CNES, s’est dit « fier » de ce projet, une première européenne. A l’échelle mondiale, seuls les Américains à bord d’un Boeing 787 et les Russes et leur Iliouchine Il-76 effectuent également des vols paraboliques.
Un long travail de certification
Cette ouverture au public est le fruit d’un long travail en coopération entre le CNES, Novespace et la DGAC. Un travail de certification de l’avion, qui a duré quatre ans. Quatre années passés à réunir l’ensemble des conditions d’opérations et de sécurité pour pouvoir certifier l’A300 ZERO-G « apte » à recevoir du grand public à son bord.
Les vols étant ouverts au public, ils relèvent de l’aviation générale, et l’avion doit donc obtenir une nouvelle certification, précise Pascal Coffin de la DGAC. Mais ne relevant ni du transport public, ni du vol de loisirs en aéroclub, il a fallu inventer un référentiel technique. « C’est Novespace qui a rédigé l’ensemble du processus d’opérations, qui a précisé quelles devaient être les compétences de l’équipage, comment ils les obtenaient, comme ils allaient les maintenir. Il fallait également préciser le système de gestion de la sécurité. » Le tout a été compilé dans un manuel, déposé à la direction régionale de l’aviation civile à Bordeaux.
Une journée à mi-chemin entre la terre et l’espace
Accessible aux adultes détenteurs d’un certificat d’aptitude médicale, l’Airbus A300 ZERO-G permet aux participants de découvrir l’apesanteur, durant une journée. Ils leur en coûtera 5 890€, qui seront destinés à couvrir les coûts de maintenance, mais aussi une partie des campagnes scientifiques opérées chaque années.
Après une matinée de briefing réalisée par Jean-François Clervoy, ancien astronaute de l’agence spatiale européenne (ESA) et président de Novespace, les 40 participants au vol parabolique embarquent à bord de l’Airbus A300 ZÉRO-G, pour près de 2 h 30 de sensations. Pour rendre l’expérience encore plus intéressante, des instructeurs proposent des activités tout au long du vol. « L’objectif de ces activités est de leur faire vivre pleinement la micropesanteur », explique Sébastien Rouquette, chef de projet vols paraboliques au sein du CNES et instructeur sur l’A300 ZÉRO-G.
Comme sur Mars ou sur la lune
Parmi les expériences de microgravité proposées : simuler la gravité sur la planète Mars dans la première phase du vol (0.38G) en tentant de marcher sur le sol, ou encore réaliser des mouvements corporels, comme des pompes, au cours de la seconde phase à 0.16G, soit la gravité sur la Lune. « L’activité phare est celle qui consiste à former une bulle à partir d’une goutte d’eau colorée et d’essayer de la boire, pendant que l’appareil est en 0 gravité (0G). Il s’agit d’un exercice ludique et difficile à réaliser, car les bulles d’eau volent un peu partout dans l’avion. Pour rattraper la goutte d’eau, il faut la poursuivre en volant », continue Sébastien Rouquette.
Le vol en apesanteur au bord de l’Airbus A300 ZERO-G comprend 15 paraboles, totalisant 5 minutes d’apesanteur cumulée. Le premier vol va accueillir ses premiers participants le 15 mars 2013 sur l’aéroport du Bourget, puis à Bordeaux-Mérignac. Au total, le CNES organise 6 vols, 3 en 2013 et 3 en 2014. En plus des 40 passagers accueillis sur chaque vol parabolique, une douzaine de places sera attribuée gratuitement par le CNES dans le cadre de sa mission de promotion des activités spatiales et de sa politique éducative et de diffusion de la culture scientifique. Ces places sont à gagner sur concours.
L’intérieur de l’Airbus A300 ZERO-G est divisé en 4 zones de « free-floating », chacune placée sous le contrôle d’un instructeur. En plus des instructeurs, les vols sont également encadrés par le personnel navigant de sécurité et un médecin.
L’Airbus A300 de Novespace : Un avion très spécial
L’Airbus ZERO-G, un A300-B2, numéro de série 003 et immatriculé F-BUAD, a été fabriqué en 1973. Il mesure 54 mètres de long et posède une envergure de 44 mètres. Il a été acheté en 1996 par Novespace, filiale du CNES, pour des compagnes scientifiques de vols paraboliques. Il avait auparavant été utilisé par Airbus comme avion prototype pour des tests de certification et des tests d’équipements – dont les premières commandes de vol électriques des A320. Au niveau mondial, c’est actuellement le plus gros appareil en termes de capacité d’emport d’expériences : 40 participants, un espace de 100m2 spécialement aménagé et plus de 200m3 capitonnés destinés aux expériences en apesanteur – zone de free floating. L’A300 ZERO-G comptabilise moins de 4 000 heures de vol, 100 campagnes de vols, et a réalisé plus de 11 500 paraboles depuis ses débuts. Il est basé à Bordeaux-Mérignac et sa maintenance est effectuée par Sabena Technics. Son utilisation première concerne la recherche médicale, l’entraînement des astronautes. Mais les vols paraboliques se sont peu à peu élargis et concernent les expérimentations scientifiques et les essais technologiques d’équipements spatiaux, que ce soit dans le domaine de la physique des fluides, des combustions, de la physique fondamentale, de la science des matériaux, mais également de la biologie végétale, de la technologie et de la biologie/physiologie humaine. Le vol parabolique |