C’est un peu la pépite d’or cachée dans la rivière de problèmes qui touchent la branche dédiée aux avions commerciaux de Boeing. Car si l’avionneur américain vient d’encaisser sa plus lourde perte financière depuis quatre ans (11,8 milliards de dollars), plombée par une grève de sept semaines à Seattle et par les multiples problèmes industriels qui touchent l’ensemble de sa gamme depuis plusieurs années, il détient des activités très rentables qui pourraient bien venir soulager sa dette qui ne cesse de se creuser d’année en année. D’autant que Boeing doit aussi mettre la main sur son fournisseur Spirit AeroSystems dans les prochains mois.
L’avionneur américain accuse aujourd’hui une dette de 53,9 milliards (47,9 milliards de dollars à la même date l’année dernière), une dette qui ne devrait pas véritablement s’alléger sans une forte accélération des livraisons d’avions commerciaux dans les prochaines années.
L’une de piste est la revente de sa filiale Jeppesen, bien connue des pilotes dans le monde entier pour ses cartes aéronautiques et ses EFB, une activité lucrative acquise en l’an 2000 pour 1,5 milliard de dollars mais qui s’est considérablement développée depuis, générant près d’un milliard de chiffre d’affaires chaque année. Jeppesen est devenu un petit empire dans la branche des services de Boeing, dépassant de très loin les outils pour les seuls pilotes en proposant des solutions pour l’ensemble des opérations des compagnies aériennes, de la gestion des équipages aux outils numériques pour la maintenance, tant du côté aviation commerciale que militaire.
Aucune décision sur une potentielle revente de Jeppesen n’a encore été annoncée par Boeing à l’heure de l’écriture de cet article. Mais Kelly Ortberg, le PDG de l’avionneur américain, a déjà indiqué qu’il étudiait le portefeuille des activités du groupe pour déterminer si elles correspondaient à une stratégie à long terme, quitte à vraisemblablement les céder aux plus offrants dans le cas contraire. De son côté, l’agence américaine Bloomberg a révélé il y a quelques jours que de nombreuses sociétés étaient déjà sur les rangs pour une reprise de Jeppesen, à commencer par le groupe RTX (Collins Aerospace et Pratt & Whitney), Honeywell et GE Aerospace, ainsi que par de nombreux fonds d’investissement. Une telle revente pourrait potentiellement générer jusqu’à 8 milliards de dollars.
Mais s’il est fort probable que Jeppesen vienne un jour quitter le giron de Boeing pour se développer davantage, il est aussi certain qu’il restera dans tout l’écosystème déjà mis en place autour de ses appareils, à l’heure où l’utilisation, l’analyse et le partage de la donnée deviennent véritablement omniprésents.