À l’occasion du Salon du Bourget, Le Journal de l’Aviation a réalisé une interview de Brad Duguid, ministre du Développement économique, de l’Emploi et de l’Infrastructure, de l’Ontario, province du Canada. Il évoque le secteur aérospatial dans la province, qui compte plus de 200 entreprises, notamment françaises, employant plus de 17 000 personnes.
Ce n’est pas la première fois que vous participez au salon du Bourget. Quels sont les objectifs et les attentes de votre présence ici ?
Chaque année, le gouvernement de l’Ontario et l’Ontario Aerospace Council travaillent ensemble pour présenter notre industrie aux salons internationaux du Bourget et de Farnborough. Pour cette nouvelle édition du Bourget, 18 de nos entreprises exposent. Notre objectif ici au Bourget est d’aider les plus grandes entreprises aéronautiques à s’appuyer sur l’expertise, les produits et les technologies de l’Ontario et de soutenir nos entreprises dans la conquête de nouveaux marchés.
Comment se présente l’aérospatial en Ontario ?
L’industrie aérospatiale est un secteur de croissance clé pour l’Ontario et est l’un des secteurs prioritaires de la province. Il génère chaque année 5,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires (soit 3,8 milliards d’euros). L’expertise des entreprises présentes dans la province couvre plusieurs domaines, notamment les avions à turbopropulseurs, les jets d’affaires, les moteurs à turbine, les systèmes de trains d’atterrissage, l’avionique, les systèmes environnementaux, les satellites ou encore la robotique spatiale.
Les pièces aéronautiques fabriquées en Ontario sont utilisées sur pratiquement tous les avions commerciaux dans le monde. Quinze des 25 constructeurs aérospatiaux mondiaux sont installés chez nous, à l’image d’Honeywell, Bombardier, Mitsubishi Heavy Industries, Airbus Group, L-3 Communications, United Technologies Corporation, Messier-Bugatti-Dowty, ou encore Thales.
Qu’est-ce qui fait de l’Ontario une région attractive pour les entreprises ?
En Ontario, nous avons l’avantage d’avoir un environnement très compétitif, ce qui rend la province attrayante pour les entreprises mondiales. Notre fiscalité destinée aux entreprises (au niveau fédéral et provincial) est par exemple l’une des moins contraignantes par rapport à d’autres régions manufacturières. De plus, nous disposons de partenariats commerciaux forts, d’un accès privilégié aux marchés mondiaux ainsi que d’une main-d’œuvre hautement qualifiée.
Nous aidons également les entreprises à améliorer leur compétitivité à travers des fonds comme le Jobs and Prosperity Fund, destiné aux projets visant à améliorer la productivité et l’innovation.
Depuis 2006, le gouvernement de l’Ontario a débloqué plus de 95 millions de dollars (68,6 millions d’euros) à l’appui remboursable et non remboursable aux entreprises aérospatiales qui opèrent dans la province.
Enfin, la présence de Bombardier dans la province permet aux fournisseurs locaux de se développer et d’avoir l’opportunité de travailler avec les plus grandes entreprises.
Comment collaborez-vous avec les entreprises françaises ?
L’Ontario a de solides liens historiques et culturels avec la France. Le français y est la seconde langue officielle avec plus de 10 % de la population qui la parle. Plusieurs sociétés aérospatiales françaises comme Thales ou Airbus y sont installées. Les entreprises aérospatiales de l’Ontario, présentes à toutes les étapes de la chaîne d’approvisionnement, fournissent tous les programmes aéronautiques à travers le monde, dont en France.
Que pouvez-vous dire au sujet de l’emploi et la formation ?
L’industrie aérospatiale de l’Ontario compte plus de 17 000 salariés qualifiés. En Ontario, nous avons 18 universités et collèges offrant plus de 40 programmes dédiés à l’aérospatial, allant de diplômes de technicien pour la maintenance des aéronefs, pour la maintenance de l’avionique, en génie aérospatial et en génie de fabrication à des Masters et programmes de doctorat en génie aéronautique et aérospatial.
Il est actuellement difficile de recruter en France dans les emplois de production. Est-ce que l’Ontario connaît le même problème ?
Nous savons à quel point il est important pour les employeurs de recruter des personnels talentueux. Au salon du Bourget, j’ai annoncé une nouvelle initiative destinée aux jeunes souhaitant se former au métier de monteur d’aérostructures. Le programme, organisé par l’Ontario Aerospace Council, comprend 20 semaines de formation. D’ici mars 2016, notre objectif est d’avoir 150 jeunes formés, certifiés et embauchés en tant que monteur dans plusieurs domaines du secteur aérospatial: structures d’avion, mécanique hydraulique ainsi qu’assemblage électrique et électronique.
De plus, l’Ontario investit également 26 millions de dollars canadiens (18,7 millions d’euros) dans une nouvelle installation du Centennial College pour les programmes en aérospatial à Downsview Park. C’est la première étape pour créer un hub de formation et de recherche en aérospatial.
Bombardier a récemment supprimé des emplois. L’Ontario a-t-elle été concernée par ce plan social ?
Bombardier est un chef de file mondial sur le marché des avions d’affaires. La compagnie a indiqué que les licenciements [au nombre de 480 à Toronto, ndlr] sont le résultat d’un ralentissement de la demande et de la production [de ses Global 5000 et Global 6000, ndlr]. Bien que le marché des grands avions d’affaires ralentisse dans les régions comme la Chine, la Russie et l’Amérique latine, dans l’ensemble, nous sommes portés par la force de ce marché. L’aéronautique reste un secteur clé pour l’Ontario, et l’usine de Bombardier à Downsview est un point d’ancrage. La société est confiante dans sa bonne situation financière pour achever le développement des programmes d’avions CSeries et Global 7000/8000.