Les événements des dernières années n’ont pas bouleversé les prévisions de marché d’Embraer. Selon l’avionneur brésilien, le secteur du transport aérien aura besoin de 10 500 appareils de moins de 150 places neufs d’ici 2044, répartis entre 8 720 jets et 1 780 turbopropulseurs. Ces appareils serviront à 52 % à remplacer la flotte actuellement en service et à 48 % à sa croissance. Ils ont une valeur de 680 milliards de dollars.
Embraer souligne que ses prévisions sont similaires à celles qu’il avait faites en 2020 car les tendances identifiées à cette époque au niveau social, géopolitique et de la chaîne d’approvisionnement sont pérennes. « Bon nombre des changements structurels que la pandémie a déclenchés se sont avérés très durables. Dans notre première étude de marché post-pandémie, nous avons souligné la transition de la mondialisation à une perspective géopolitique plus polarisée. Aujourd’hui, alors que les pays et les régions recherchent une plus grande autonomie stratégique, la demande d’accès régional va continuer à croître. Nous pensons que les flottes mixtes qui combinent petits et grands avions à fuselage étroit sont essentielles pour cette croissance à long terme », explique Arjan Meijer, président et directeur général de l’aviation commerciale d’Embraer.
Embraer estime en effet que l’amélioration des performances des appareils incitera les compagnies à diversifier leur flotte en termes de taille de modules, pour répondre aux variations de la demande, aux schémas de trafic qui favorisent les courts courriers au détriment des longs courriers, et à un besoin croissant de flexibilité des horaires. Par ailleurs, la recherche d’une plus grande autonomie stratégique va mener à un raccourcissement des chaînes d’approvisionnement et des routes commerciales. « Les compagnies aériennes dont la flotte se compose essentiellement de gros avions seront limitées dans leur capacité à améliorer la connectivité des réseaux à mesure que les distances se réduiront dans le nouvel environnement », estime Embraer.
Alors que la croissance annuelle moyenne du trafic est estimée à 3,9 %, la Chine représentera le marché avec la croissance moyenne la plus forte, à 5,7 %. Néanmoins, l’Amérique du Nord accueillera encore la part la plus importante des livraisons. En effet, sur les 8 720 jets qui pourraient être livrés, 2 680 pourraient rejoindre les marchés nord-américains, soit plus de 30 % de la production. Sur le marché des turbopropulseurs, c’est l’Asie Pacifique (hors Chine) qui devrait recevoir la plus grande proportion d’appareils (36 %).
Dans le secteur cargo, Embraer estime les besoins à 600 appareils sur vingt ans. Le secteur du commerce en ligne a confirmé qu’il resterait une composante permanente de l’activité, qui continue de dynamiser le secteur. En revanche, le retour des capacités en soute a stoppé le déferlement de conversions et les analystes jugent qu’il est peu probable que les chantiers de modification retrouvent leur niveau de durant la pandémie. Cependant, un changement s’est produit avec le regain de tensions géopolitiques, l’instabilité commerciale entretenue par l’administration américaine et la volonté de renforcer la sécurité nationale. C’est dans le secteur cargo que le travail d’amélioration de la résilience de la chaîne d’approvisionnement va avoir le plus d’effet : le choix de fournisseurs plus proches, l’établissement de centres de distribution à proximité des marchés-cibles va augmenter la demande pour des appareils aptes à assumer les flux plus régionaux, comme les petits monocouloirs.