Le moins que l’on puisse dire c’est que l’avenir du numéro mondial des avions commerciaux s’annonce toujours aussi radieux pour les deux prochaines décennies. Le nouveau Global Market Forecast (GMF 2025-2044) publié par Airbus quelques jours avant l’ouverture du Salon du Bourget table sur une demande globalement stable comparativement aux prévisions de l’année dernière, mais toujours aussi immenses au cours des 20 prochaines années.
Airbus prévoit ainsi une demande mondiale de 43 420 nouveaux appareils d’ici 2044, dont 34 250 monocouloirs (79% de la demande) et 9 170 avions gros-porteurs (dont 970 appareils tout cargo neufs). Selon l’avionneur européen, la flotte mondiale va ainsi presque doubler, passant de 24 730 appareils en service fin 2024 à 49 210. Près de 44 % des nouvelles livraisons, soit 18 930 appareils, serviront à remplacer des avions existants au cours des 20 prochaines années, un chiffre en progression par rapport au précédent GMF. Mieux, comme l’a expliqué Antonio Da-Costa, directeur Market Analysis & Forecast Commercial Aircraft chez Airbus, seulement 14 190 de ses appareils sont déjà inscrits dans les carnets de commandes des avionneurs, plus de 20 000 devant être encore contractualisés sur la période pour répondre à la demande. La part de gros-porteurs non encore vendus reste aussi conséquente avec 5630 appareils.
À noter que la prochaine décennie sera particulièrement marquée par d’importantes vagues de remplacement de gros-porteurs qui ne figurent pas encore dans les carnets de commandes des avionneurs, en particulier pour les 787-8 et 787-9, la partie restante des 777-300ER et A330ceo, ainsi que pour les premiers A350.
On comprend alors aisément pourquoi l’augmentation des cadences est devenue primordiale pour Airbus pour l’ensemble de ses programmes. Les objectifs fixés (cadence 14 par mois pour l’A220, 75 pour l’A320neo, 12 pour l’A350 et 4 pour l’A330neo, pour l’instant) donnent d’ailleurs une indication assez représentative de ce que pourrait être sa part de marché au début de la prochaine décennie.
Autre tendance à long terme toujours de mise, le déplacement de la demande vers l’Est et en particulier vers l’Asie. La région Asie-Pacifique (10 050 appareils) et la Chine (9 570) représentent à elles seules près de la moitié de l’ensemble des livraisons qui seront nécessaires au cours des 20 prochaines années.
La méthodologie d’Airbus pour évaluer cette demande se base notamment sur une croissance du trafic passagers qui augmentera de 3,6 % par an, par la croissance du PIB mondial (+ 2,5 %), par celle du commerce international (+2,6 %) par celle de la population urbaine (+ 1,2 milliard) et par l’augmentation de 1,5 milliard de la classe moyenne mondiale. Antonio Da-Costa compare d’ailleurs l’évolution du trafic aérien d’aujourd’hui avec celui d’il y a vingt ans, avec 1,5 fois plus d’avions en service, des avions plus gros, des avions qui volent plus et qui affichent un taux de remplissage supérieur.
Selon lui, le transport aérien sera encore plus abordable à l’avenir et les futurs avions commerciaux seront encore plus productifs. Par ailleurs, la demande sera soutenue par l’augmentation du nombre de vols par personne proportionnellement à la population du pays, à l’instar de l’Arabie Saoudite (3,1 en 2044 contre 1,5 en 2024), de l’Inde (0,5 contre 0,1), de la Chine (1,8 contre 0,6) voire même ici en Europe (3 contre 1,9).
La durabilité et l’efficacité énergétique occupent par ailleurs une place importante dans le GMF 2025-2044, alors qu’Airbus s’est engagé sur l’objectif du zéro émission nette d’ici 2050. Les avions commerciaux d’Airbus consomment aujourd’hui 54 % de carburant en moins par passager-kilomètre qu’en 1990. L’ensemble de la flotte actuellement produite est certifiée pour utiliser 50 % de carburant durable d’aviation (SAF), avec un objectif de 100 % d’ici 2030.
Pour rappel, le GMF d’Airbus ne concerne que les appareils commerciaux de plus de 100 places. Les perspectives de marché concernant les avions tout cargo seront quant à elle publiés en octobre prochain.