La présentation officielle du démonstrateur technologique X-59 à Palmdale a fait couler beaucoup d’encre au cours de ce mois de janvier, tant le rêve de pouvoir succéder au Concorde reste encore présent de l’autre côté de l’Atlantique.
Le premier vol de cet avion expérimental conçu par la division Skunk Works de Lockheed Martin dans le cadre du programme de recherche Quiet Supersonic Transport (Quesst) de la NASA est prévu avant l’été prochain, avec à la clé une diminution du bang sonique qui pourrait faire avancer la réglementation sur ce type de vols au-dessus des zones habitées.
Les sommes engagées dépasseraient déjà les 600 millions de dollars pour l’ensemble du programme, entre la construction du X-59 et les quelque deux à trois années de tests en vol, soit plus de la moitié des coûts totaux nécessaires à un programme beaucoup plus stratégique pour l’industrie aéronautique civile américaine comme le démonstrateur à voilure haute haubanée à grand allongement X-66 de Boeing, qui vise de son côté à permettre de définir une architecture d’avion de ligne pouvant consommer jusqu’à 30% de carburant en moins par rapport aux dernières générations de monocouloirs actuels.
Le transport supersonique de passagers ne pourra logiquement concerner qu’un nombre très limités d’ « happy few », avec un modèle économique qui reste à définir pour les avionneurs qui décideraient de franchir le pas, et alors que l’impact environnemental de l’aviation n’a jamais été aussi débattu depuis ces quelques années aux quatre coins de la planète.
Industriels, transporteurs, régulateurs et même l’OACI se sont entendus pour atteindre le zéro émission nette d’ici à 2050, y compris la NBAA (National Business Aviation Association) aux États-Unis, et les moyens pour y parvenir commencent à être particulièrement conséquents.
La compagnie Virgin Atlantic a par ailleurs ailleurs abandonné le projet Overture de Boom Supersonic l’année dernière, seul programme d’avion civil supersonique encore debout et potentiellement directement concerné par une modification de la réglementation de la FAA aujourd’hui.
Finalement, les prouesses scientifiques entourant le programme Quesst et le courage des pilotes qui viendront à bord du X-59 ne suffiront sans doute pas à gommer le caractère quelque peu anachronique d’une telle initiative. Un peu comme si nous étions à contre-courant de l’histoire de l’aviation…

