MSN 7, MSN8, MSN10, MSN11, MSN12, les cinq premiers A400M d’Airbus Defence & Space réceptionnés par la France ne chôment pas et continuent leurs expérimentations, tout en assurant des missions de transport tactique et stratégique au sein de l’escadron de transport 1/61 « Touraine », ré-activé le 1er septembre dernier, deux années après sa mise en sommeil.
Une cérémonie officielle de prise de commandement de l’escadron s’est tenue le 17 septembre dernier sur la BA 123 d’Orléans-Bricy, en présence du chef d’état-major de l’armée de l’air, le général Denis Mercier. Saluant une unité « emblématique de l’évolution du transport aérien militaire français », le CEMAA a défini la renaissance du Touraine comme « une étape clé dans l’histoire de l’armée de l’air », offrant aux forces armées une allonge stratégique « sans précédent » pour les missions de transport à venir.
Quatre unités opérationnelles sont tournées vers l’A400M sur la BA 123. Indépendantes les unes des autres, elles travaillent ensemble sur un matériel commun. L’escadron opérationnel, l’équipe de marque chargée des expérimentations, le centre de formation ainsi que l’escadron de soutien technique forment le noyau autour de l’A400M.
L’escadron 1/61 « Touraine » est actuellement composé de 38 personnels, répartis entre 13 pilotes, 17 loadmasters ainsi que 8 personnels au sol. Son commandant affiche 4 000 heures de vol au compteur et a notamment été officier d’échange sur C-130J à Brize Norton et à Lyneham, en Grande-Bretagne, un « très bon intermédiaire entre le C-130H et l’A400M », et l’occasion de voir « comment employer un avion à deux pilotes seulement dans un contexte tactique et opérationnel ».
La MEST (Multinational Entry into Service Team), chargée entre autre de l’expérimentation des A400M, a été transformée en Equipe de marque avions de transport tactiques (EMATT). Celle-ci est une unité du CEAM, composée d’une vingtaine de personnes, de pilotes d’avions de transports (C-160, C-130, CN235, A340), mais également d’un pilote des forces spéciales et d’un pilote de Rafale. L’EMATT a un large champ d’expérimentations à mener, de l’utilisation des JVN à l’aérolargage et aux opérations de ravitaillement en vol. Cette phase s’étend dans le temps et devrait durer « au moins jusqu’en 2018 » selon l’armée de l’air. En effet, si les avions sont pour l’instant capables de réaliser des vols logistiques, la palette des missions tactiques est encore loin d’être validée.
La qualification de type A400M pour les pilotes s’effectue directement sur la base d’Orléans depuis le 1er septembre, au sein du CIET (Centre d’instruction des équipages de transport), aussi bien pour la formation théorique que pratique. D’une durée de quatre mois, elle comprend notamment 80 heures de formation initiale sur simulateur. La formation pratique tactique devrait être mise en place au printemps 2015. Il n’y a à l’heure actuelle pas de stagiaire étranger, mais un officier d’échange allemand fait partie de l’équipe pédagogique et délivre des cours en tant qu’instructeur. Le projet de formation franco-allemande des pilotes et des mécaniciens des deux pays est lui toujours en cours de développement. Il prévoit qu’à la mi-2015, les équipages effectuent leur formation logistique et l’entraînement de type à Wunstorf, la base aérienne qui accueillera les premiers A400M de la Luftwaffe, tout comme la formation des mécaniciens au MCO sur A400M, puis leur formation tactique sur la base d’Orléans.
Alors que MSN7 et MSN10 se trouvaient sur le tarmac de la BA 123 d’Orléans-Bricy le 17 septembre dernier, MSN11 était parqué dans un hangar, MSN12 en vol au-dessus de la base, MSN8 était quant à lui en mission outre-Atlantique. L’ensemble des missions de l’A40M sont placées sous le commandement opérationnel de l’EATC (European Air Transport Command), organisme européen chargé de coordonner les missions de transport aérien militaire des pays membres (Allemagne, Belgique, France, Espagne, Luxembourg, Pays-Bas), comme l’explique le commandant du Touraine : « L’idée pourrait être d’avoir l’ensemble de la flotte au service de l’EATC et de continuer les expérimentations au fur et à mesure des besoins, en retirant l’avion de l’inventaire EATC en fonction des besoins et des missions ponctuelles d’expérimentations ».
Et les missions ne manquent pas, l’activité est chargée et le besoin de transport « gigantesque ». A la question de savoir quelles seront les prochaines missions des A400M, le lieutenant-colonel répond que l’actualité rend la réponse « assez simple », sans pour autant dévoiler des noms de pays. L’Afrique de l’Ouest et le Moyen-Orient apparaissent tout en haut de la liste des zones envisagées. Un A400M (MSN8) a d’ailleurs déjà acheminé quelques 12 tonnes de matériel ainsi qu’une quarantaine de personnels vers la BA 104 d’Al Dhafra aux Émirats Arabes Unis le 13 septembre dernier. Nul doute qu’avec le début des missions de reconnaissance et de frappe au-dessus de l’Irak, d’autres missions de transport suivront dans un avenir très proche, qui permettront aux A400M de démontrer leurs capacités en terme de projection des forces et d’allonge stratégique…