Pour son premier passage en France, le JF-17 Thunder est venu en force sur le Salon du Bourget, avec pas moins de trois appareils : l’un deux assure depuis lundi des démonstrations en vol de manière quotidienne, le second est présenté sur le statique, le troisième étant gardé comme « spare ».
« Nous sommes venus pour montrer cet avion, pour montrer les capacités de cette belle plateforme », déclare l’un des pilotes de la Pakistan Air Force. « Nous sommes fiers de présenter le JF-17 ici en France, car il n’y a que deux chasseurs à faire des démonstrations en vol, le Rafale et nous », ajoute-t-il.
Pour venir d’aussi loin, quelques « sauts de puce », des escales en Arabie Saoudite, en Jordanie, en Turquie et en Italie ont été nécessaires, avant d’atterrir sur le tarmac du Bourget. Un déplacement qui en vaut définitivement la peine pour les personnels pakistanais, qui assurent recevoir beaucoup de curieux sur le statique.
En effet, l’avion de chasse fait partie des rares appareils qui étaient à même de susciter l’intérêt du public sur ce 51ème Salon du Bourget, en raison de la nouveauté que représente sa présence sur le territoire européen. C’est d’ailleurs la première fois que le JF-17 effectue des démonstrations aériennes en Europe. Il n’avait jusque-là été présenté qu’au salon de Farnborough en 2010 et uniquement sur le statique, mais a en revanche été de plusieurs salons aéronautiques au Moyen-Orient, Dubaï notamment, ainsi qu’en Chine, naturellement, avec deux participations à son actif au salon de Zhuhai.

Ce voyage européen a également permis d’assurer la partie « soutex » (soutien à l’exportation), une manœuvre qui semble avoir été payante, puisqu’un premier contrat export a été annoncé « pour un pays d’Asie », sans qu’il n’ait été possible d’en savoir plus à ce sujet. De par ses caractéristiques, selon un connaisseur du sujet, le JF-17 est à même d’intéresser des pays qui souhaitent s’équiper d’avions de chasse, mais qui n’ont ni les moyens financiers ni les prétentions technologiques d’acquérir des appareils tels que des F-15/16/18 américains, des Eurofighter européens, des Gripen suédois ou des Rafale français…
L’histoire du JF-17 remonte au début des années 90. L’industriel chinois CATIC fait une première proposition de joint-venture au gouvernement pakistanais – et plus précisément à l’armée de l’air pakistanaise pour la conception et le développement conjoint d’un avion de chasse. Le MoU (Memorandum of Understanding) est signé en janvier 2005. Pour la Pakistan Air Force, il s’agira de remplacer les F-7P et les Mirage III/V. Le programme prend le nom de JF-17 Thunder en juillet 2003 et effectue son vol inaugural officiel deux mois plus tard. La première démonstration publique du Thunder a lieu en mars 2007 et la première commande de 42 JF-17 pour la Pakistan Air Force est passée en mars 2009. Le Pakistan signe en mai 2011 une nouvelle commande de 50 appareils au standard block 2. L’assemblage final du premier exemplaire au block II débute en septembre 2014 et son vol inaugural a lieu en février 2015.
La Pakistan Air Force compte aujourd’hui trois escadrons de JF-17, qui ont accumulé près de 60 000 heures de vol depuis ses débuts. Les pilotes précisent qu’en fonction de leur expérience, ils peuvent monter jusqu’à 200-250 heures de vol par an.

Le chasseur sino-pakistanais a été conçu comme un avion de chasse au coût relativement modéré, parfois comparé aux performances du Mirage III, ou « un F-16 pour pays en voie de développement ». S’il est parfois vu comme un avion multirôles, Son armement comprend le missile air-air PL-5EII, le missile anti-navire C-802 et l’armement anti-radar MAR-1. L’armement air-sol regroupe des bombes Mk 82, 83, 84, GBU-12 ainsi que des kits pour de l’armement chinois, mais aussi occidental.
Le block II va comporter quelques améliorations de taille : l’ajout d’un système probe and drogue pour le ravitaillement en vol, ainsi que des systèmes de contremesures électroniques améliorés et une nouvelle avionique. Le système de ravitaillement en vol ne devrait en revanche être pleinement intégré qu’à partir du 29ème exemplaire du standard block II. Mais surtout, le block II verra l’arrivée d’appareils biplaces. « Ce sera une grande avancée pour l’entraînement, mais aussi pour le soutien à l’export », explique le porte-parole de l’armée de l’air. Il ajoute : « lorsqu’on va voir des clients potentiels, ils veulent voler pour pouvoir juger des performances de l’avion. Les biplaces faciliteront les choses, car nous pourrons répondre à leur demande ». Le gain en termes de formation et d’entraînement sera également significatif, car jusque-là, les pilotes devaient se former en grande partie sur simulateur.
Un futur block III permettrait une MLU (Mid-Life Upgrade) des block I et II et pourrait intégrer un radar AESA et un HUD. Selex ES, filiale de Finmeccanica, serait déjà évoqué pour la fourniture du radar.
Pour la Pakistan Air Force, le JF-17 représente « la rencontre de l’orient et de l’occident ». « Nous avons l’expérience de vol sur des avions occidentaux, la Chine a la capacité industrielle et cela donne un avion tel que le Thunder. »
