C’est peut-être l’affaire du siècle dans le monde du transport aérien européen. Le groupe Lufthansa est désormais autorisé par la Commission européenne à reprendre la compagnie ITA Airways qui a succédé à Alitalia il y a trois ans, après un joli tour de passe-passe venu gommer des décennies de gestion désastreuse de la compagnie porte-drapeau italienne.
Pour un montant somme tout assez modeste, 325 millions d’euros, Lufthansa va prendre une participation de 41% dans ITA au début de l’année prochaine, avec la possibilité de la porter à 90% entre 2025 et 2033 pour un montant qui ne dépassera pas les 829 millions d’euros au total, l’équivalent du prix catalogue de trois A330neo chez Airbus selon les indications des derniers clients pour avoir une idée de l’ordre de grandeur.
Évidemment, ce rapprochement a imposé quelques concessions de la part des deux futurs mariés, comme c’est d’usage pour ce type d’opération pour ne pas enfreindre les règles de l’UE en matière de concurrence. Easyjet reviendra ainsi en force à Rome et à Milan, les groupes Air France-KLM et IAG bénéficiant pour leurs parts de créneaux supplémentaires pour favoriser les correspondances vers leurs vols transatlantiques pour l’Amérique du Nord.
Il faut dire que les passagers entre les États-Unis et l’Italie sont aussi une cible prioritaire pour le groupe Lufthansa, son PDG Carsten Spohr rappelant encore il y a quelques jours que la compagnie allemande transportait plus de passagers sur ce flux qu’entre les États-Unis et l’Allemagne (en destination finale ou en origine), une vraie particularité. Il faut rappeler aussi que Carsten Spohr a véritablement de la suite dans les idées quand on se souvient de l’expérience Lufthansa Italia menée à Malpensa il y a 15 ans. Et avec les difficultés actuelles de Lufthansa sur le marché allemand, le moins que l’on puisse dire c’est que la reprise d’ITA tombe à pic.
Mais ITA a également bien changé depuis son lancement. Elle a désormais tout simplement doublé de taille (96 appareils contre 52) et a plus que triplé ses capacités sur le long-courrier. Les récentes ouvertures de lignes vers Dubaï et Bangkok illustrent d’ailleurs très bien ses nouvelles ambitions, bien plus que durant les 20 dernières années d’Alitalia. Et avec la reprise d’ITA, Lufthansa va très certainement vouloir aller bien plus loin…