Il s’agit tout simplement du plus important accord de ciel ouvert jamais négocié jusqu’à présent. Les pays de l’Union européenne (UE) et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN*) ont finalisé l’ASEAN-EU Comprehensive Air Transport Agreement (AE CATA), premier accord de transport aérien trouvé entre deux grandes régions économiques mondiales.
En gestation depuis de nombreuses années, cet accord de ciel ouvert va faciliter les liaisons aériennes et les échanges commerciaux entre l’Europe et l’Asie, les compagnies aériennes pouvant bientôt proposer un nombre illimité de vols entre les deux régions, avec en plus la possibilité d’opérer jusqu’à 14 liaisons hebdomadaires de transport de passagers en septième liberté (via et au-delà d’un pays tiers), et sans restrictions pour les vols cargo.
Mais si les négociateurs entendent que cet accord soit aussi la source d’une coopération plus étroite entre les deux régions dans des domaines tels que la sécurité aérienne, la gestion du trafic aérien, la protection des consommateurs et les questions environnementales et sociales, il est clair que l’AE CATA vise surtout à faciliter et à renforcer les liaisons directes entre les pays des deux blocs, au détriment de l’un des modèles économiques qui a fait le grand succès des compagnies aériennes des pays du Golfe et en particulier pour les fameuses ME3, à savoir Emirates, Qatar Airways et Etihad.
Bien évidemment, les effets de l’accord entre l’UE et l’ASEAN, qui n’est pas encore définitivement ratifié, prendront un temps certain pour se faire sentir. Pour l’instant les vols de transport de passagers entre les deux régions sont pratiquement à l’arrêt, restrictions de voyage obligent. Avec les conséquences de la crise liée à la pandémie, les grandes compagnies aériennes de l’ASEAN sont exsangues et la reconstruction de leurs capacités vers l’Europe, en particulier depuis des pays à faible yield (Malaisie, Thaïlande…), n’est pas attendue avant plusieurs années dans le meilleur des cas.
Mais il renaîtra aussi de cette crise des transporteurs aériens européens et asiatiques bien plus rentables, avec des coûts de fonctionnement plus optimisés, et de nouvelles ambitions. C’est peut-être là l’un des prochains grands défis pour les compagnies du Golfe.
(*) L’ASEAN regroupe 10 pays d’Asie du Sud-Est : la Birmanie, le Brunei, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Viêt Nam.