La gestation du plus important programme de défense en Europe va pouvoir reprendre son long chemin avant le remplacement des premiers Rafale et Eurofighter à l’horizon 2040.
Airbus et Dassault Aviation ont récemment trouvé un compromis concernant le développement du SCAF (système de combat aérien du futur), avec une offre soumise aux trois pays partenaires du programme pour aboutir à la réalisation d’un démonstrateur pour 2026. Ce démonstrateur en vol comprendra au minimum un proto du NGF (New Generation Fighter) ainsi que des drones, pour un coût de l’ordre de 10 milliards d’euros même si aucun détail sur le nombre d’appareils d’essai ne filtre encore à ce stade.
On sait que l’Allemagne défendait bec et ongles la construction d’un démonstrateur sur son sol pour préserver ses compétences acquises sur l’Eurofighter, tout en se garantissant une cartouche de sécurité en cas d’échec du SCAF. En France, Dassault cherchait pour sa part à préserver sa position de maître d’oeuvre sur le futur programme en capitalisant sur le Rafale, tout en voulant protéger certains de ses brevets hautement stratégiques (on pense ici en particulier aux commandes de vol et à la furtivité), quitte à passer « au plan B », c’est-à-dire à partir tout seul sur une page blanche. La motorisation du démonstrateur était aussi en jeu, Safran devant à l’origine proposer un dérivé de son M88.
On sait aussi que la menace d’une victoire d’une possible coalition menée par les écologistes lors des prochaines élections législatives en Allemagne en septembre était encore plus grande pour la survie du programme européen d’avion de chasse de 6e génération, un feu vert de la commission des budgets du Bundestag devant être obtenu au plus tôt.
Mais l’on sait surtout que les rivalités industrielles entre Airbus Defence & Space et Dassault ont encore déteint sur les relations franco-allemandes ces derniers mois, chacun accusant l’autre de préserver ses intérêts par le biais des médias et des débats parlementaires. Entre les impératifs de « Souveraineté de la France » et une Allemagne tantôt considérée comme pilleuse du savoir faire technologique français, tantôt jugée trop proche des États-Unis sur le plan de la défense, le SCAF échappe assurément de peu à la catastrophe.