Il aura fallu attendre le troisième jour du salon aéronautique de Dubaï pour qu’Airbus annonce sa première commande d’appareils. Cela constitue un événement particulièrement exceptionnel pour l’avionneur européen lors de telles occasions. Le contrat le plus attendu, une nouvelle commande d’A380 en provenance d’Emirates, n’a d’ailleurs pas eu lieu, ce qui a même créé un certain cafouillage lors de la grande conférence de presse organisée par la compagnie de Dubaï le jour de l’ouverture du salon.
Car voilà, officiellement, Emirates réclame une garantie industrielle de la part de l’avionneur pour s’assurer que le programme sera bien maintenu encore 10 ans. Cela laisse étrangement penser à un ouroboros, tant le carnet de commandes du programme A380 est intimement lié aux futures livraisons de super jumbos à la compagnie de Dubaï.
Évidemment, les 20-25-30-36-38-50 appareils concernés (oui, tous les médias mondiaux y sont allés de leur chiffre le plus probable, sans avoir finalement d’information fiable) ne sont pas remis en cause à ce stade. On connait d’expérience l’étendue de l’éventail de contreparties qui peuvent être négociées à l’occasion de la finalisation de ce type de contrats majeurs, et qui peuvent bien entendu dépasser le strict cadre industriel.
Étonnamment d’ailleurs, l’annonce des quarante Boeing 787-10 d’Emirates n’est pas une si mauvaise nouvelle pour Airbus, même si l’on se souviendra encore longtemps des 70 A350 radiés d’un coup en 2014. La compagnie de Dubaï affiche à nouveau une stratégie de forte croissance à partir de 2022, avec des modules moins capacitaires qui lui permettront de sonder et de pérenniser de nouveaux marchés avant son déménagement à DWC.
C’est d’autant plus marquant que le cabinet de conseil spécialisé IBA s’alarmait, il y a tout juste un mois à Dubaï, du risque de surcapacité à venir dans cette région, qui attend déjà près d’un millier de nouveaux avions, avec de possibles nouveaux étalements de livraisons dans les prochaines années. Et c’est finalement de très loin le principal.