La voie est libre pour le BBI. La cour administrative fédérale de Leipzig a donné son feu vert le 16 mars à la construction d’un nouvel aéroport à Berlin. L’aéroport international Berlin-Brandenburg se situera au sud de la capitale allemande, sur le site de l’ancien aéroport de Berlin-Est à Schönefeld.
Ce projet de 2 milliards d’euros sera financé par la ville de Berlin, le Land de Brandebourg et l’Etat fédéral. Les travaux de construction de l’aéroport Berlin-Brandenburg International (BBI) devraient commencer sous peu, la nouvelle aérogare devant ouvrir le 31 octobre 2011. Il devrait pouvoir accueillir quelques 22 millions de passagers par an. Le troisième aéroport d’Allemagne n’a cependant pas ni l’ambition ni la capacité de concurrencer les hubs de Francfort et Munich. Il espère en revanche devenir un lieu privilégié de correspondance vers l’Europe de l’Est et l’Asie.
Cette décision ouvre la voie à un grand remaniement des infrastructures aéroportuaires de Berlin dans leur ensemble. En effet, la capitale allemande possède aujourd’hui trois aéroports : Schönefeld, au sud, Tegel et Tempelhof, plus à l’ouest et à l’intérieur de la ville. Or la volonté des constructeurs est de faire du BBI le seul hub de Berlin. Tempelhof et Tegel vont donc fermer, le premier dès 2007 et le second en 2011.
Angela Merkel, la chancelière allemande, s’est réjouie de la perspective d’un nouvel aéroport moderne, productif et compétitif. Le maire de la ville, Klaus Wowereit, y voit la promesse du développement économique de la région. Entre 30.000 et 40.000 créations d’emploi sont en effet prévues d’ici 2012.
« Une catastrophe »
Mais tout le monde ne partage pas l’avis des femmes et hommes politiques. Joachim Hunold, le Président de la compagnie low-cost Air Berlin, à qui l’on doit la citation précédente, estime que les restrictions imposées par la cour allaient empirer la situation du trafic aérien berlinois. Car la construction est soumise à conditions…
En effet, le projet a eu une gestation difficile et a failli avorter à plusieurs reprises. Le BBI se heurte aux riverains depuis environ 15 ans. Une ambitieuse vision échafaudée au lendemain de la chute du mur de Berlin en 1991 imaginait la construction d’un hub majeur pour la capitale. Mais depuis, 4.000 plaintes ont été déposées par les habitants des abords de l’aéroport contre toutes les nuisances qu’il pouvait apporter. La décision, irrévocable car prise en appel, met un terme à cette bataille juridique et mécontente à peu près tout le monde.
Les riverains tout d’abord. Bien que la cour ait décidé de renforcer les mesures contre les nuisances sonores, les conditions imposées ne sont selon eux pas suffisantes. Dans la très écologique Allemagne, les émissions polluantes sont une préoccupation essentielle que les habitants ne peuvent oublier si facilement.
Mais les compagnies aériennes ne voient non plus les restrictions horaires d’un bon œil. Au nom de la tranquillité (toute relative) des riverains, les vols de nuit ont été limités voire proscrits. L’interdiction, courrant de minuit à 5h du matin, ne pose pas de problème en soi selon la société gérante des aéroports de Berlin. En revanche, la restriction du trafic sur les tranches horaires 22h-24h et 05h-06h remet en question la viabilité même de l’aéroport.
Selon le Président de Lufthansa, Thomas Ellerbeck, cette restriction réduit de fait la capacité de l’aéroport et va décourager les compagnies de le choisir pour hub, au vu de la perte de temps que cela induit. Telle est également l’opinion de Joachim Hunold, soutenu par easyJet et les compagnies de transport de fret, pour qui les vols matinaux et tardifs sont des éléments-clefs dans la stratégie et qui sont ainsi menacées de perdre une rotation quotidienne.