Ryanair a toujours autant de mal à avaler la hausse de la TSBA (taxe de solidarité sur les billets d’avion). Se plaignant que cette hausse de la fiscalité annihile la rentabilité de certaines de ses lignes, la low-cost irlandaise annonce qu’elle va quitter les aéroports de Bergerac, Brive et Strasbourg cet hiver, et réduire ses liaisons sur plusieurs autres destinations, réduisant de 13 % son offre par rapport à l’hiver dernier, soit 750 000 sièges. Elle met ainsi à exécution la menace qu’elle avait proféré en novembre dernier, lorsqu’elle envisageait de quitter jusqu’à dix aéroports en France si le projet d’augmentation de la taxe n’était pas abandonné.
Elle rend également plus concret le danger maintes fois signalé par les syndicats du transport aérien ces derniers mois d’une perte de connectivité liée à cette nouvelle dégradation de la compétitivité des aéroports. « On ne pouvait pas dire que l’on ne savait pas », a immédiatement réagi Thomas Juin, le président de l’Union des aéroports français (UAF). Il avait déjà déploré en mars dernier que la France n’était plus considérée comme un pays accueillant et avait alors porté les inquiétudes des aéroports régionaux à partir de la saison hiver : « un certain nombre d’aéroports s’attendent à des déprogrammations pour la saison hiver et surtout la saison été 2026 et à des transferts d’avions », disait-il alors. En effet, dans un contexte où les compagnies manquent d’appareils, elles vont avoir tendance à les baser dans les aéroports où la fiscalité est plus attractive afin de maximiser leur rentabilité. Le processus est désormais officiellement engagé.
Pascal de Izaguirre, le président de la FNAM (Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers), avait également souligné que l’offre devrait être inférieure à celle de l’année dernière dès cet été et que la France devenait de plus en plus un pays survolé plutôt qu’un pays dans lequel on se pose. C’est également un marché qui n’avait pas encore retrouvé sa connectivité pré-covid en 2024, contrairement à nombre d’autres pays européens.
Ryanair estime que sa décision « sera désastreuse pour la connectivité régionale française, l’emploi et le tourisme » et prévient que « la France risque de perdre encore plus de capacité et d’investissements au profit de marchés plus compétitifs à l’horizon de l’été 2026, laissant les aéroports régionaux à moitié vides ».
« À moins que le gouvernement ne change de cap et n’abolisse cette taxe aérienne injuste, la capacité et les investissements de Ryanair en France seront inévitablement redirigés vers des marchés européens plus compétitifs comme la Suède, la Hongrie ou certaines régions d’Italie, où les gouvernements suppriment activement les taxes aériennes pour stimuler le trafic, le tourisme, l’emploi et la reprise économique », souligne Jason McGuinness, directeur commercial de Ryanair.