Plus de cent cinquante compagnies se sont posées sur le goudron parisien l’espace de trois jours, faisant de Paris la capitale de l’aviation commerciale. L’IATA (International Air Transport Association) a en effet choisi d’abriter son 62e sommet annuel du transport aérien sous les ailes de la ville-lumière et a élu Jean-Cyril Spinetta, PDG d’Air France-KLM, pour le piloter. Du 4 au 6 juin, Giovanni Bisignani, Président de l’organisation chargée d’assister les compagnies pour assurer compétition loyale, uniformité des tarifs et sécurité, et ses partenaires ont pu présenter à l’assemblée le bilan du transport aérien et les différents projets et enjeux qui l’attendent.
Un avenir en clair-obscur
M. Bisignani s’est dit optimiste : l’industrie se porte bien. Ses profits ont été réévalués à la hausse à 6 milliards de dollars et ses pertes se sont légèrement réduites : elles sont estimées à 3 milliards de dollars pour l’année 2006, contre 3,2 milliards en 2005. En effet, la productivité a augmenté de 33% tandis que les coûts ont diminué de 13% depuis 2001.
Mais c’est sans compter la menace pétrolière. Et en cinq ans, les prix du baril ont quasiment quintuplés. La facture énergétique a augmenté de 21 milliards de dollars l’année dernière et devrait continuer sur sa lancée pour atteindre 112 milliards de dollars en 2006. L’amélioration de l’efficacité dont témoignent les chiffres ne doit pas cacher la fragilité du secteur : il est complètement dépendant de la croissance mondiale. Si celle-ci faiblit, la santé du transport aérien en pâtira immanquablement.
Priorité à la sécurité
Un autre facteur susceptible d’ébranler l’aviation est le relâchement sur la sécurité. Cinglant, M. Bisignani a stigmatisé les gouvernements de République Démocratique du Congo, du Sierra Leone, de Guinée Equatoriale et du Swaziland pour leur laxisme irresponsable. Cependant, malgré cette contribution négative aux statistiques, l’IATA se félicite du bilan sur la sécurité. Celle-ci n’a jamais été aussi grande qu’en 2005 et le taux d’accident est en baisse : un accident est survenu sur 1,3 millions de vols dans le monde, un sur 2,9 millions de vols réalisés par les compagnies membres de IATA.
Pour la renforcer, l’organisation a mis en place l’IOSA (IATA Operationnal Safety Audit) et l’a fait monter en puissance. 189 sont actuellement en voie de certification et d’ici 2007, seules les compagnies satisfaisant préalablement à cet audit des procédures de sécurité seront admises dans l’organisation. Certaines pourraient donc perdre leur statut de membre.
Enfin, face à le recrudescence d’un phénomène relativement nouveau dans le transport aérien, les pavillons de complaisance, M. Bisignani a déclaré qu’« ils n’avaient simplement pas leur place dans l’industrie ».
Les E-services à l’honneur
Concernant la billetterie électronique, M. Bisignani s’est félicité du fait que plus de la moitié des billets émis aujourd’hui par les compagnies membres de l’IATA sont des E-tickets (ET), rappelant qu’après le 31 décembre 2007, les billets « papier » ne seront plus pris en charge par l’association.
La zone Asie du Nord rattrape ainsi rapidement son retard dans le domaine avec une part d’ET légèrement inférieure à 30%, la chine mettant les bouchers doubles depuis plus d’un an pour imposer ce nouveau format. Par ailleurs, les autorité chinoises (CAAC) ont une nouvelle fois simplifié leurs formalités avec, depuis quelques jours, la possibilité de voyager avec seulement deux documents : une pièce d’identité et une carte d’embarquement.
Seul le Moyen-Orient accuse encore un retard important avec moins de 10% de billets électroniques émis dans la région.
De son coté, le fret électronique (E-Freight) peine encore à s’imposer. M. Bisignani déplore le fait qu’aucun gouvernement n’ait encore adopté le cadre législatif nécessaire à sa mise en oeuvre, alors que près de 35% du transport international de marchandise en valeur est effectué par avion. Seuls cinq pays se sont engagés à l’adopter d’ici 2007, freinant les objectifs de l’IATA qui prévoyaient initialement des essais sur une quinzaine de pays, avant un déploiement universel pour 2010.
Le fret électronique réduira considérablement le coût total des formalités (près de 38 documents sont nécessaires en moyenne pour chaque transfert de marchandise) ainsi que les délais induits.