Vers une résurrection du secteur aérien américain ? Trois des six plus grandes compagnies aériennes traditionnelles des Etats-Unis ont annoncé les 20 et 21 juillet des résultats plutôt encourageants pour le second trimestre 2005.
American Airlines s’en sort avec un bénéfice net de 58 millions de dollars, soit le double de ce que les économistes avaient prévu et presque dix fois plus qu’il y a un an à la même période (6 millions de dollars) où le résultat n’était positif que parce qu’elle avait bénéficié d’un élément exceptionnel de 31 millions de dollars. Les revenus passagers s’élèvent à 5,309 milliards de dollars. En juillet 2004, ils étaient de 4,83 milliards de dollars et les prévisions les avaient estimés à plus de 5 milliards.
Continental Airlines également parvient à dégager un bénéfice de 100 millions de dollars. Cette progression est assez spectaculaire puisqu’à la même période l’année dernière, la compagnie texane accusait des pertes nettes de 17 millions de dollars et les prévisions tablaient sur 15,36 millions de bénéfices pour ce trimestre. Les revenus passagers ont enregistré une augmentation de 11,8% et s’élèvent à 2,6 milliards de dollars, contre 2,345 milliards au deuxième trimestre 2004.
En plein remaniement de son équipe dirigeante, Delta Airlines n’est en revanche pas encore sortie de sa débâcle financière. Les pertes nettes de la compagnie d’Atlanta se montent encore à 382 millions de dollars. L’amélioration est toutefois certaine par rapport à la même période en 2004 : la compagnie accusait alors un déficit de deux milliards. Elle est par ailleurs meilleure que prévue puisque les économistes estimaient que les pertes seraient de 429 millions de dollars. Les plans de restructuration commencent à faire leur effet.
L’espoir d’un secteur au bord du crash
Le secteur aérien américain rencontre de nombreuses difficultés depuis plusieurs années maintenant. American Airlines est en perte depuis 2000 et a ensuite subi la crise du 11 Septembre. C’est la première fois depuis dix-sept trimestres qu’elle réalise des bénéfices. Delta a elle frôlé le dépôt de bilan l’année dernière, tandis que United Airlines a dû recourir à la loi du chapitre 11 sur les faillites.
Les compagnies ont tout essayé pour s’en sortir : réduction draconienne des coûts, suppressions d’emploi, baisse des salaires et des dépenses liées. Elles ont même lancé des compagnies low-cost pour contrer la concurrence sur ce marché rentable qui représente le quart du transport aérien intérieur. Ainsi, United a lancé Ted et Delta Airlines, Song. Elles ont même tenté la politique contraire : créer des services de grand luxe selon les standards en vigueur sur les lignes long-courriers et les offrir sur les lignes domestiques transcontinentales du type New York – San Francisco, à l’instar du produit P.S. (Premium Service) de United.
Diminution des coûts et reprise du trafic en période estivale ont donc enfin permis aux compagnies de relever la tête. En effet, ces résultats trimestriels meilleurs que les attentes du marché sont en partie dus à la hausse du trafic passagers. Un espoir de reprise pour ce secteur en naufrage.
Pas de fausse joie pourtant. Car sur ces résultats plane non seulement l’ombre des compagnies low-cost mais aussi celle d’un énorme de baril de pétrole dont le prix ne cesse d’enfler… Et la menace est bien présente : le coût en carburant a augmenté de 47,2% (434 millions de dollars) pour American Airlines par rapport à la même période de 2004. Il représente une hausse de 48,6% pour Continental Airlines et de 57,5% pour Delta Airlines. Et comme le dit le Président d’American Airlines, Gerard Arpey, « il ne semble pas y avoir d’amélioration en vue. » Les compagnies ne peuvent donc pas se permettre de se reposer sur leurs lauriers : leur seule solution reste de continuer à réduire les coûts.