L’acquisition d’appareils neufs n’est peut-être pas la seule solution à la portée des compagnies aériennes en matière de lutte contre les émissions de CO2. EasyJet a montré qu’elles aussi pouvaient participer pleinement à la recherche de solutions industrielles en présentant sa vision de l’appareil écologique : l’ecoJet.
L’ecoJet est un appareil court- et moyen-courrier qui pourrait compter entre 130 et 250 sièges selon la configuration de cabine choisie par son opérateur. Cet avion de papier se base sur des technologies déjà disponibles et pourrait être opérationnel dès 2015 si son développement commençait aujourd’hui.
Il se différencie des monocouloirs actuels d’Airbus et de Boeing par deux éléments majeurs : sa propulsion et sa structure. EasyJet imagine en effet abandonner les turboréacteurs au profit de propfans (lire l’article). Ce type de propulsion, qui devait révolutionner le transport aérien dans les années 80, s’apparente à un réacteur classique à l’exception que son fan n’est pas contenu dans une nacelle. La propulsion devient ainsi plus efficace et le poids est réduit. En revanche, cette configuration rend difficile la fixation du propfan sous l’aile et la déplace à l’arrière de l’appareil.
D’où une modification de la silhouette de l’ecoJet par rapport à un monocouloir. Perdant son empennage, remplacé par deux stabilisateurs horizontaux équipés de winglets, il aurait également de nouvelles ailes en flèche inversée (avec les saumons vers l’avant). Enfin sa structure serait allégée par l’utilisation de matériaux avancés, dont les composites, les mêmes qui ont été adoptés pour le B787 Dreamliner.
EasyJet pense enfin réduire la vitesse de croisière et le rayon d’action, afin de diminuer la traînée et le poids de l’ecoJet. Il naviguerait ainsi à Mach 0.75, au lieu de Mach 0.78 pour les monocouloirs de Boeing et Mach 0.82 pour ceux d’Airbus, et sur seulement 2 000nm (3 700km). Une version au rayon d’action allongé pourrait être conçue pour la minorité des vols moyen-courriers dépassant cette distance.
Le résultat serait un appareil 25% moins bruyant que les monocouloirs d’aujourd’hui et bien moins polluant. Les émissions de CO2 seraient divisées par deux et celles de NOx par quatre. Appliqué aux opérations actuelles de la compagnie low-cost britannique, il rejetterait moins de 47g de CO2 par passager kilomètre. Ses A319 en rejettent 97,5g. Solution possible pour la nouvelle génération de monocouloirs (lire l’article), il devrait également avoir une durée de vie dépassant 2040. Le temps de trouver encore plus écologique…