L’IATA joue les Cassandre. L’association internationale du transport aérien a révisé le 24 mars ses prévisions sur les pertes cumulées des compagnies aériennes en 2009 : elles devraient atteindre 4,7 milliards de dollars. Cette hausse – l’IATA avait prévu « seulement » 2,5 milliards de pertes en décembre – reflète la détérioration rapide des conditions économiques mondiales.
Le chiffre d’affaires global du secteur devrait chuter de 11,7% à 467 milliards de dollars, ce qui signifie que la crise d’aujourd’hui est bien plus importante que celle qui a suivi les attentats du 11 Septembre. La dégradation est due à l’importante baisse de la demande. Elle est estimée à 13% dans le cargo et 5,7% dans l’activité de passage. Pour ce dernier secteur, l’implication sur le chiffre d’affaires va être exacerbée par le fait que l’essentiel de la baisse touche le trafic Premium.
Le seul point positif qu’a réussi à trouver l’IATA est le cours du pétrole. Après avoir miné les résultats des compagnies en 2008, le cours du baril est redescendu aux alentours de 50 dollars. S’il se maintient, les coûts opérationnels devraient baisser de 25%, sans compter les dépenses évitées par la baisse des activités.
Les perspectives par région
L’évolution en 2009 sera très différente selon les régions du monde. L’Asie Pacifique restera la plus touchée, notamment au Japon où les exportations s’effondrent et en Inde qui va rester en surcapacité. La Chine en revanche a réussi à promouvoir les vols domestiques en faisant diminuer les tarifs, ce qui compense partiellement la chute du segment long-courrier de 5 à 10%. Les compagnies de ce secteur géographique devraient perdre 1,7 milliard de dollars.
La situation ne sera pas meilleure en Europe. Un milliard de dollars de pertes devrait être enregistré en raison d’une surcapacité persistante : les transporteurs devraient réduire leur offre de 5,3% quand la demande diminuera de 6,5%, entraînée par une récession avoisinant les 3%. Yields et profits vont donc se dégrader.
L’Amérique Latine et l’Afrique vont également échouer à résoudre leur problème de surcapacité et devraient perdre chacune 600 millions de dollars. En ce qui concerne l’Afrique, c’est six fois plus qu’en 2008 et cela est dû à la perte de parts de marché sur le secteur long-courrier.
Le Moyen-Orient sera la seule région à enregistrer une croissance de la demande. Cependant, l’entêtement des compagnies à augmenter leur offre à toute vitesse va également peser sur le coefficient de remplissage : l’offre va s’accroître de 3,8% pour une demande en hausse de 1,2%. Là encore, le secteur sera déficitaire, de 900 millions de dollars.
Paradoxalement, c’est la région où le transport aérien a le plus de difficultés à être rentable depuis des années qui va le mieux s’en sortir. L’Amérique du Nord, coutumière de la réduction de capacités, devrait réussir à parfaitement ajuster son offre à la baisse de la demande. Modeste utilisatrice du système de couverture carburant, elle profite également de la baisse des prix du kérosène – quand les compagnies du reste du monde et notamment d’Europe souffrent encore de la dépréciation de leur couverture. Elle pourrait être la seule à enregistrer un léger profit en 2009, de 100 millions de dollars.
Giovanni Bisignani estime que l’essentiel des dégradations prévues pour 2009 s’est concentré sur le mois de janvier et que les perspectives devraient s’améliorer à la fin de l’année. L’activité cargo pourrait même connaître un léger rebond dans les prochains mois, avec la fin des déstockages dans l’industrie. Cependant, le Président de l’IATA considère qu’il n’est pas réaliste d’attendre une reprise significative dès 2010.