Le salon MRO Europe, qui se tient cette année à Barcelone, sera très certainement encore très marqué par les difficultés de la supply-chain même si l’optimisme demeure, le secteur continuant à croître fortement avec un record au niveau des dépenses cette année pour faire voler l’ensemble de la flotte mondiale. Le cabinet Oliver Wyman table sur un total de 104 milliards de dollars de dépenses, soit 2,8% de plus qu’en 2023 et 1% de plus qu’en 2019.
Évidemment, pour les opérateurs, cela se traduit aussi par des coûts plus importants et par une vigilance accrue pour faire face aux imprévus, toute opération de maintenance de routine devant maintenant se transformer en un véritable champ de bataille pour être certain de ne pas à voir à immobiliser un avion faute de pièces ou d’équipements.
Le patron d’une compagnie aérienne nous confiait d’ailleurs qu’une certaine latitude existait encore, forte heureusement, au niveau des OEM pour pallier aux AOG (Aircraft On Ground). Mieux, la maintenance prédictive associée à la multiplication des données recueillies en vol ou au sol prend désormais tout son sens, les compagnies aériennes pouvant anticiper l’achat d’un équipement ou d’un système bien avant sa défaillance, un véritable atout dans le contexte actuel.
Les outils numériques se sont particulièrement démocratisés ces 10 dernières années dans le domaine du soutien et de la maintenance, que ce soit au niveau des avionneurs, des motoristes, des équipementiers, des sociétés de maintenance ou au coeur même des opérations des compagnies aériennes. Le big data, sorte de précurseur de l’IA comme on l’entrevoie aujourd’hui, ont déjà révolutionné la maintenance prédictive. Mais nous en sommes peut-être encore qu’au début.
Car l’arrivée de l’IA générative constituera très certainement encore une nouvelle révolution pour le secteur, au moins aussi importante que la généralisation de la connectivité à bord pour la collecte de données avion. Il n’est plus ici question que de maintenance prédictive ou de digitalisation du hangar, mais plutôt de la mise en place de nouveaux outils automatisés pour optimiser les inventaires, pour passer des commandes, pour réorganiser certains processus internes, pour aider à la résolution de problème en fournissant des conseils. Mieux, le savoir accumulé pourra même être utilisé pour enrichir les compétences des futurs salariés plus tard, et pas qu’autour d’un avion en maintenance.
Bien sûr, tous les outils numériques qui existent aujourd’hui dans le domaine de la maintenance seront bientôt « dopé à l’IA », à l’instar des simples suites bureautiques et navigateurs web. Mais ils pourront aussi être développés en interne, réduisant alors la dépendance à des solutions dédiées existantes. On comprend peut-être mieux pourquoi l’IATA, Airbus, Embraer et Rolls-Royce ont récemment défini un pacte régissant l’accès et l’utilisation des données opérationnelles des appareils (AOD), d’autres OEM étant appelés à rejoindre cette initiative.
Mais les données concerneront des domaines bien plus vastes, et peut-être encore bien plus stratégiques, avec la confidentialité des données au coeur des futurs enjeux. Une chose est sûre : le secteur de la maintenance aéronautique doit, comme tant d’autres, se préparer dès maintenant à la prochaine révolution de l’IA.