Le moins que l’on puisse dire c’est que NYCO a beaucoup de choses à annoncer à l’occasion de cette 55e édition du salon du Bourget. Le spécialiste français des lubrifiants aéronautiques est désormais omniprésent sur nombre d’avions et hélicoptères militaires et civils à travers le monde, que ce soit par ses huiles moteurs, ses fluides hydrauliques ou par ses graisses. Cette liste d’aéronefs sera logiquement amenée à s’allonger encore. Il faut dire qu’avec la croissance du transport aérien, l’augmentation des budgets de défense, les enjeux de souveraineté et l’arrivée de futurs programmes civils et militaires dans les prochaines décennies, NYCO a de quoi être occupé pour de nombreuses années. Mais le groupe français voit encore plus loin et entrevoit de nouveaux axes de développement.
L’huile turbine synthétique Turbonycoil® 600 fête ses 40 ans
Qualifié en avril 1985 pour les besoins de l’US Navy, le produit phare de NYCO s’est imposé à la fois dans le domaine militaire et dans l’aviation civile, même si son succès fût un peu plus tardif au niveau des compagnies aériennes, car les processus de qualification et de certification sont évidemment plus contraignants. Aujourd’hui, l’huile turbine Turbonycoil® 600 s’est tout simplement imposée dans plus de 70 armées de l’air et a été contractualisée par plus de 110 compagnies aériennes à travers le monde, avec de nombreuses compagnies aériennes majeures (Air France, EasyJet, Transavia…).
Pour rappel, si l’entreprise spécialisée dans les esters synthétiques est née en 1929, sa présence dans le secteur aéronautique date de la fin des années 50 et est directement liée à la volonté d’indépendance de la France au niveau de ses lubrifiants. NYCO s’est ainsi orienté vers les huiles turbines pour l’armée de l’air française avec une première qualification sur l’ATAR du Mirage III. Viendront ensuite des qualifications pour des avions soviétiques, puis américains dans les années 70.
L’huile turbine Turbonycoil® 600, avec le grade le plus utilisé dans l’aviation civile et dans l’aviation militaire, est aujourd’hui reconnue pour son efficacité opérationnelle et sa polyvalence, pouvant être utilisée sur de nombreux appareils. C’est un gros avantage pour les compagnies aériennes, car elles cherchent une grande communalité au niveau des consommables, souhaitant par exemple une seule huile pour couvrir toute leur flotte. La Turbonycoil® 600 est ainsi qualifiée pour de nombreux moteurs (CFM, GE Aviation, Pratt & Whitney …) mais aussi pour de nombreux générateurs auxiliaires de puissance (APU).
Pedro Dasi, Directeur Aviation civile chez NYCO rappelle que l’huile turbine Turbonycoil® 600 n’a été présente que plus tardivement dans l’aviation commerciale, la première application datant de 2003 sur Airbus A320. « Avec la spécification militaire, nous pouvions directement accéder à nombre de marchés, mais pour l’aviation civile, nos produits doivent être qualifiés par chaque OEM, ce qui prend plus de temps » explique-t-il.
Dans le domaine militaire, cette huile turbine synthétique est notamment utilisée sur des avions de combat européen, des avions de transport ou des avions utilisés pour la formation des pilotes. « Dès que nous avons la spécification militaire, nous pouvons accéder à un nombre de marchés plus importants, car nous n’avons pas forcément besoin d’être listés dans les manuels de tous les avionneurs. Ils référencent la spécification militaire » explique pour sa part Sébastien Garcia, Directeur Défense & AGT chez NYCO.
Les turbines aérodérivées, autre axe de développement fort pour NYCO
Les turbines à gaz aérodérivées (AGT) figurent aussi en bonne place parmi les axes de croissance de NYCO dans les prochaines années, en particulier pour la Turbonycoil® 600. Il s’agit d’un marché principalement lié au secteur pétrolier et gazier ou à l’industrie de l’énergie, avec des dérivés de moteurs aéronautiques qui sont par exemple installés sur des plateformes offshores pour générer de l’énergie de manière continue, ou en secours, ou sur des centrales électriques pour gérer des demandes de pics sur le réseau. Ainsi, qui dit même moteur dit même qualification et donc un même type de produit au niveau des huiles, ce qui ouvre logiquement au spécialiste français d’importants débouchés, parallèlement à ses activités liées à l’aviation civile et militaire.
« Nous ne sommes pas directement très visibles sur ce marché, car nous avons lié des partenariats avec des sociétés nationales pétrolières en France, au Brésil ou en Malaisie par exemple, et qui vont vendre notre produit sous leur propre marque » annonce Sébastien Garcia. « C’est aussi une source de croissance et de développement pour nous, avec des sociétés importantes sur ce marché » se réjouit-il.
NYCO a d’ailleurs récemment inauguré une nouvelle usine de production aux États-Unis, à Newnan, près d’Atlanta (Géorgie) afin de mieux servir le marché nord-américain. « L’objectif est de pouvoir mieux servir nos clients partout dans le monde et d’assurer une disponibilité globale de nos produits. » annonce Sébastien Garcia. Le spécialiste français des lubrifiants aéronautiques dispose déjà de plusieurs centres de productions à travers le monde, même si son usine principale reste encore celle de Tournai (Belgique), inaugurée en 1997. NYCO s’est également positionné en Inde depuis trois décennies dans le cadre d’une joint-venture avec Indian Oil et Balmer Lawrie, principalement pour répondre aux besoins spécifiques du marché militaire indien.
« Nous nous développons de plus en plus à l’international et nous allons régionaliser certaines choses au niveau opérationnel pour être plus efficaces et plus proches de nos clients afin de mieux les servir » précise Sébastien Garcia qui ajoute que cela offre aussi un plan de continuité en cas d’imprévu sur un site industriel.
À cela s’ajoutent évidemment les enjeux liés à la logistique qui accompagnent particulièrement les produits NYCO dans l’aviation commerciale depuis plus d’une décennie, avec par nature le caractère international des opérations. « Pour les compagnies aériennes, après le carburant, l’huile est le produit numéro 2 qui vient dans la chaîne des consommables. Par conséquent, il faut que l’huile soit disponible partout sur la planète » rappelle pour sa part Pedro Dasi. « Nous nous appuyons sur des filiales pour nous aider à implémenter les produits NYCO dans chaque région mondiale, mais nous avons aussi un réseau de distribution qui est très important » précise-t-il.
Les nouveaux moteurs civils et militaires en embuscade
Bien évidemment, le leader français des lubrifiants haute performance et des esters synthétiques surveille de près l’évolution des flottes civiles et militaires, mais il anticipe déjà l’évolution des réglementations et l’émergence de nouvelle plateforme dans les prochaines décennies. Il peut compter pour cela sur son laboratoire de R&D basé à Neuville-sur-Oise, en région parisienne, pour développer de nouvelles technologies et de nouveaux produits. NYCO travaille ainsi sur plusieurs axes : sur l’empreinte carbone et sur l’impact environnemental au sens large, en anticipant les futures réglementations, sur la performance des produits, mais aussi sur les nouveaux procédés qui accompagneront la production de ses futurs produits.
« Nous devons à la fois soutenir les matériels existants -nous avons toujours des Mirage qui volent dans le monde avec la Turbonycoil 13B développée à la fin des années 50-, mais nous devons aussi préparer le futur et les nouvelles qualifications. C’est l’ADN de NYCO » explique Sébastien Garcia. Et l’arrivée de nouveaux systèmes comme le SCAF en Europe, ou d’autres programmes en Amérique du Nord pour la partie militaire, ou pour le futur monocouloir qui viendra succéder à la famille A320neo, tous seront de fait d’importants sujets pour NYCO dans les prochaines années. « Bien entendu, cela va constituer des enjeux pour nous dans le futur et nous sommes déjà en contact avec les équipes sur ce type de sujets ».
Pour Pedro Dasi, « Ce seront des moteurs plus chauds et plus petits, donc avec des consommations d’huile aussi réduite. Nous pensons qu’il y aura un saut technologique à faire, à un moment donné ». « Nous essayons de travailler avec les OEM pour être intégrés dès le démarrage du projet, car nous pouvons peut-être améliorer des choses, donner notre expertise dans la chimie, car nous sommes experts dans les lubrifiants synthétiques de haute performance pour l’aviation » poursuit-il.
Les directeurs des activités aéronautiques de NYCO sont parfaitement alignés. Aussi bien dans le civil que dans le militaire, pour garder leur position de leader dans la fourniture de lubrifiants synthétiques, cela va nécessiter d’innover, de se réinventer, de se diversifier et d’aller chercher d’autres relais de croissance. En bref, le spécialiste français des lubrifiants aéronautiques tisse progressivement sa toile au niveau mondial…