Que de chemin parcouru depuis le lancement des « Pierres précieuses » il y a plus d’un demi-siècle. La coentreprise Airbus Safran Launchers (ASL) est désormais pleinement opérationnelle depuis le 1er juillet, pérennisant l’ensemble de la filière spatiale française et européenne dans un environnement de plus en plus compétitif, mais aussi de plus en plus prometteur.
Annoncé il y a seulement deux ans, le nouveau géant mondial est le fruit de la fusion des activités lanceurs d’Airbus Group, des moteurs spatiaux de Safran, mais aussi de l’intégration de la société Arianespace, en charge de la commercialisation des lanceurs européens face à leurs solides concurrents américains, russes et chinois. ASL regroupe désormais près de 8400 spécialistes du spatial au sein de 11 structures et filiales implantées dans 8 pays européens, très majoritairement en France.
La priorité d’Airbus Safran Launchers est bien sûr Ariane 6, la nouvelle génération de lanceurs lourds européens qui promet de pratiquement diviser par deux les coûts de mise sur orbite à horizon 2023 tout en affichant la fiabilité exemplaire qui a fait le succès de notre filière spatiale. Le nouveau lanceur héritera d’ailleurs pour beaucoup des développements d’Ariane 5, qui vient de fêter le succès de son 72e tir consécutif et qui par la même occasion a battu un nouveau record avec la mise en orbite d’une charge cumulée de plus de 10,7 tonnes.
Mais nous ne pouvons résumer ASL à la seule prochaine génération du lanceur Ariane, aussi performante et compétitive soit-elle. Il ne s’agit que d’une nouvelle étape et il y en aura, on l’espère, beaucoup d’autres, l’Europe ayant tout intérêt à garder sa capacité à accéder directement à l’espace, une stratégie logiquement adoptée par toutes les grandes puissances.
Car ASL c’est aussi l’avenir de notre souveraineté, avec la continuité des missiles balistiques français, la seule composante de ce type développée en Europe. Le missile M51 vient d’ailleurs d’être qualifié le 1er juillet sur Le Triomphant, troisième SNLE désormais équipé sur les quatre que compte la Force océanique stratégique.
L’Europe vient de montrer que l’espace restait pour elle une priorité. Elle a d’ailleurs tant besoin de grandeur en cette période d’incertitude.
