Le gouvernement n’a pas attendu Halloween pour endosser son costume de frère qui rappe tout. En décidant d’augmenter massivement la taxe de solidarité sur les billets d’avion pour créer un milliard d’euros de recettes fiscales supplémentaires pour le budget de l’Etat sous couvert de fiscalité verte, il a présenté un nouveau programme de vampirisation du transport aérien, et plus largement, du secteur aéronautique, dont le seul mérite est de faire l’unanimité contre lui, autant en France qu’au-delà des frontières, autant chez les opérateurs que chez les industriels.
Cela fait des années que les syndicats du transport aérien se plaignent d’être oppressés par la superposition des taxes, se désespèrent de leur injustice puisqu’elles ne soutiennent pas le secteur ou ses intérêts, et s’alarment de l’érosion inexorable du pavillon français. Cela fait des années qu’ils prêchent dans le désert et la nouvelle oreille qui vient de débarquer à la tête du ministère des Transports ne semble pas plus attentive que les précédentes.
Lors de son audition devant la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale le 22 octobre, François Durovray a affirmé le choix du gouvernement d’investir en priorité dans le ferroviaire. Soit. A peine a-t-il mentionné le rôle que pouvait jouer l’aérien dans la décarbonation de la France, évoquant de façon lapidaire le développement nécessaire des carburants durables – et les travaux du CORAC pour des effets à plus long terme.
La décarbonation de l’aérien semble donc devoir passer par sa décroissance, semble-t-il. Car c’est la direction vers laquelle pointe le projet de mesure jeté là au début du mois, sans consultation des premières victimes, les compagnies aériennes et les aéroports. Sans réflexion sur l’ampleur de la perte d’attractivité et de connectivité que va entraîner une hausse de la taxation, sur le danger qu’il fait courir aux milliers d’emplois qu’entretient un secteur qui contribue à hauteur de 2,1 % du PIB du pays. Sans même un fléchage du produit de la surtaxe vers des projets en faveur de la décarbonation.
François Durovray n’y voit pas de danger imminent. Dans le cadre d’un entretien accordé à La Tribune le 28 octobre, il a estimé que le montant de 9,50 euros sur les vols intérieurs et européens (contre 2,63 euros aujourd’hui) ne « remettrait pas en cause les équilibres » et resterait « absorbable ». Le secteur a survécu jusqu’ici… Mais quand easyJet annonce un tarif moyen de 80 euros de ses billets, cela représente une hausse de près de 10 % à envisager et à faire avaler à des passagers ultra sensibles aux prix. Et encore, easyJet a les moyens (en termes de réseau) d’atténuer l’impact. Les compagnies françaises, elles, sont captives et leurs marges souvent anorexiques les contraindront à répercuter la hausse sur les passagers.
Tout cela promet quant à la vision du nouveau gouvernement pour le transport aérien. Dès son premier mois, il s’inscrit dans la digne lignée de tous ceux qui l’ont précédé et se penche sur le cas de l’aviation uniquement pour lui imposer une nouvelle taxe tous les ans. Pas possible qu’elle en réchappe…