Au grand dam de la communauté aéronautique, il est désormais devenu habituel de constater que les passagers amenés à évacuer d’urgence un avion commercial se munissent inlassablement de l’ensemble de leurs effets personnels, en contradiction totale avec les consignes de sécurité ordonnées par l’équipage.
Mais comme l’expliquait Jonathan Casper, en charge du dossier « Cabin Safety » à l’IATA lors du dernier Global Media Day à Genève, cette habitude est loin d’être vraiment nouvelle. Ce qui par contre est récent, c’est la multiplication des images prises par les passagers une fois sortis de l’avion à l’aide de leur smartphone et qui se précipitent ensuite sur les réseaux sociaux pour partager ce qu’ils viennent de vivre. Ces images sont ainsi venu révéler l’ampleur du phénomène.
Il est par contre aussi vrai que les bagages accueillis en cabine se sont multipliés au cours des deux dernières décennies, aussi bien en nombre qu’en volume, une tendance accompagnée par l’accroissement de la capacité des coffres à bagages sur les différents programmes des avionneurs, voire lors d’opérations de retrofit des cabines quelques années plus tard. L’arrivée des « ancillaries », alimentée par l’essor des compagnies low-cost, a sans doute également contribué à l’augmentation du nombre d’effets personnels accompagnants les passagers en cabine.
Certains transporteurs ont bien envisagé des systèmes de verrouillage des coffres à bagages en vol, mais pour l’association mondiale des compagnies aériennes, ce système venait évidemment introduire d’autres risques à bord.
Bien qu’ultra-prévisible et malgré les consignes des équipages, rien n’y fait. Le personnel de cabine reste, devant chaque porte, confronté au dilemme de savoir s’il doit jeter les bagages hors de l’avion, les jeter en cabine ou laisser le passager quitter l’avion avec, avec les risques inhérents de blessures et de ralentissement de l’évacuation.
Il est inutile de rappeler ici que le délai d’une évacuation d’urgence est primordial pour la survie des occupants. L’accident du 737-200 de British Airtours en 1985 reste un exemple souvent cité lors de la formation des équipages à travers le monde.
Une des solutions pourrait être de simplement garder sur soi son portefeuille, son passeport et son téléphone mobile, trois objets qui, selon l’IATA, sont particulièrement utiles lors d’une très improbable évacuation d’urgence. C’est ainsi prendre une habitude qui pourra, peut-être un jour, vous sauver la vie.