Il ne s’agit hélas ici d’un titre d’article accrocheur, tant la situation est critique pour certaines compagnies aériennes utilisant la plateforme aéroportuaire de Roissy CDG à Paris. Le plus important aéroport de France fonctionnera à capacité réduite alors que la reprise du trafic aérien est déjà bien là, en témoigne le niveau d’activité rencontré lors de ce week-end de l’Ascension, et d’importants retards sont à craindre sur l’ensemble du parcours passager, voir des annulations pures et simples.
Bien évidemment, une partie des problèmes rencontrés par l’aéroport de Roissy sont aussi connus par pratiquement tous les aéroports d’Europe qui ont dû aussi logiquement adapter leurs effectifs (avec ceux de leurs prestataires de services en escale) avec la crise liée à la pandémie en 2020 et 2021. Il en résulte une pénurie de personnel qui sera logiquement aggravée cet été, avec des conséquences encore plus importantes qui seront ressenties lors des pics de trafic.
Mais CDG doit aussi faire face à la fermeture prolongée de son Terminal 1 depuis le début de la pandémie, l’occasion d’augmenter sa capacité d’un peu plus d’un million de passagers annuels à partir du mois de décembre prochain si tout se passe bien. En attendant, les terminaux 2A et 2C sont déjà saturés, en particulier lors des pics de trafic du matin et alors que les compagnies présentes augmentent aussi leurs capacités avec la reprise du trafic. Pire, certaines compagnies utilisant temporairement le Terminal 2E ont du y être chasser pour laisser la place à la reprise des vols long-courriers d’Air France.
Pour faire court, une quinzaine de portes d’embarquement au contact doivent maintenant satisfaire une très grande partie des compagnies aériennes long-courriers ou moyen-courriers hors Schengen desservant le territoire français, et non des moindres (United, American Airlines, Turkish Airlines, Singapore Airlines, Air Canada, Emirates, Qatar Airways…), ainsi que les vols d’Air Austral et d’Air Tahiti Nui vers les outre-mer. Fort heureusement le trafic à destination de la Chine et de Taiwan n’est pas encore là, ce qui aurait encore aggravé davantage la situation.
La réouverture du Terminal 1 en décembre devrait redonner une vraie bouffée d’oxygène au principal aéroport français, mais la situation s’annonce déjà compliquée pour les prochaines années et alors que le projet de nouveau terminal 4 a été abandonné par ADP sous la pression du précédent gouvernement, car jugé « obsolète » au regard des enjeux liés à la protection de l’environnement. ACI Europe, l’association des aéroports du continent, vient de son côté de reviser à la hausse ses perspectives de trafic pour l’année 2022 et au-delà, tablant désormais sur une reprise complète des volumes d’avant la pandémie dès 2024, soit avec un an d’avance. À partir de cette échéance, les aéroports de Paris devront finalement regarder le trafic aérien mondial se développer autour d’eux et ne proposer que des installations saturées et obsolètes aux heures de pointe.
Et pour l’instant, l’absence de ministère des Transports au sein du gouvernement d’Élisabeth Borne est malheureusement un bien mauvais signal…
			

