Quoi de mieux qu’une bonne grève des contrôleurs aériens pour redorer le blason du transport aérien français aux yeux des passagers de l’Hexagone, et plus généralement en Europe. Le mouvement du 25 avril s’annonce massif, avec un impact très important à Orly (75% des vols devront être annulés) et à Roissy (65%). L’impact sera logiquement encore plus important en région.
L’explication de cette journée noire tient au refus du projet de refonte de l’organisation du contrôle aérien en France mené par le régulateur français (DGAC) depuis 15 mois, avec la volonté d’obtenir une augmentation des salaires dans le cadre de la croissance annoncée du trafic aérien pour les prochaines années, même si il est toujours inférieur à celui de 2019 depuis 5 ans, tout du moins en France. Un nouveau préavis de grève a même été déposé pour les 9, 10 et 11 mai prochains, histoire de remettre la pression…
Évidemment, la poule aux oeufs d’or des « aiguilleurs du ciel » c’est les compagnies aériennes, et donc leurs passagers. Les résultats financiers des principales compagnies aériennes ont en effet atteint des records l’année dernière (934 millions d’euros de bénéfice net pour Air France-KLM en 2023, record historique), de quoi vouloir aussi un peu en profiter.
Pourtant, la conjoncture économique du transport aérien français n’est plus aussi dynamique que l’année dernière, les résultats du quatrième trimestre des compagnies aériennes montrant déjà les signes de la fin de la période du « voyage de vengeance » apparue avec la levée progressive des restrictions de voyages liées à la pandémie.
Les prix du transport aérien de passagers restent toujours à un niveau très élevé (augmentation de 4,4% en France en mars selon le baromètre IPTAP de la DGAC) et la progression du trafic des deux principales plateformes aéroportuaires françaises (CDG et Orly) est en train de ralentir (+4.4% au premier trimestre, à 92,6 % du niveau de trafic à la même période en 2019, contre 88,7% au premier trimestre 2023). La tendance est d’ailleurs bien plus négative pour le trafic intérieur, qui ne cesse de s’éroder depuis des mois, avec un report parfois forcé vers d’autres modes de transport.
Pour ne rien arranger, la FNAM vient d’annoncer que la part du pavillon français était désormais descendue à 38% (25% seulement sur les liaisons européennes), un dur constat.
Le transport aérien français reste encore promis à une année solide en 2024, mais jusqu’à quand ?