Air France va beaucoup mieux et c’est une très bonne nouvelle qui est attendue le 18 février prochain. La compagnie française va pour la première fois renouer avec les bénéfices, grandement soulagée par la diminution de la pression de ses couvertures carburant, par la hausse du dollar depuis un an et, bien entendu, par les efforts consentis par ses salariés depuis le lancement du programme « Transform ».
Certes, ses résultats seront très certainement moins bons que ceux de sa petite sœur néerlandaise KLM, mais ils montreront que l’activité globale est désormais rentable, même à des niveaux de couverture encore largement supérieurs au prix réel du baril, sans doute avec un écart de l’ordre de 60% aujourd’hui.
Les salariés d’Air France ont, dans l’ensemble, fait beaucoup d’efforts durant ses 8 ans pour gagner en compétitivité. Les conditions de travail se sont quelque peu dégradées, la part de la sous-traitance s’est accrue, et, on s’en souviendra longtemps, les tensions se sont transformées en colère lors de l’annonce du durcissement du plan Perform 2020 en octobre dernier.
La direction d’Air France va ainsi être confrontée à un important dilemme ces prochains mois au regard des bons résultats et alors que la chute du prix du carburant constatée depuis 20 mois aura un impact positif encore plus important sur les comptes du groupe franco-néerlandais l’année prochaine. Déjà, certains syndicats de personnel au sol viennent de bloquer tout départ contraint pour motif économique jusqu’à l’été 2018. Le très attendu accord de compétitivité concernant les pilotes pourrait également être moins ambitieux qu’initialement prévu, ce qui pourrait en cascade influencer aussi les syndicats de PNC. Bref, toutes les conditions semblent aujourd’hui réunies pour une diminution des efforts nécessaires à la convergence des coûts d’Air France avec celles de ses grandes concurrentes européennes.
Les multiples arbitrages entre investissements à long terme et dépenses de fonctionnement de la compagnie sont les plus importants défis qui vont venir se dresser pour la direction d’Air France et ses salariés depuis bien longtemps. L’amélioration des cabines et des services à bord, aussi bien sur le long courrier que sur le moyen-courrier, a par exemple été particulièrement saluée, mais sa mise en place est longue, faute de moyens suffisants. De même pour la flotte, les décisions de renouvellement des appareils long-courriers ont déjà été actées, mais aucune date n’est pour l’instant fixée. Quant au moyen-courrier, que penser des quelque 450 monocouloirs remotorisés déjà attendus par les seuls groupes Lufthansa, IAG, Easyjet et Ryanair, les principaux concurrents d’Air France en Europe, et qui iront inévitablement creuser l’écart de compétitivité à la prochaine remontée du baril.
Les tout prochains mois vont donc être cruciaux pour l’avenir d’Air France et les bons résultats qui s’annoncent seront inévitablement à double tranchant. C’est maintenant que la direction de la compagnie va devoir montrer qu’elle est bien aux commandes, pour la tant attendue reconquête.
