Elles ont tout fait pour l’éviter mais Katrina a porté le coup de grâce. Après une nouvelle flambée des cours du pétrole et dix jours de suspension des vols vers le Golfe du Mexique, Delta Air Lines et Northwest Airlines ont décidé le 14 septembre de recourir à la loi américaine sur les faillites. Le but : continuer leurs efforts pour la simplification de leur structure, améliorer leur efficacité en terme de réduction des coûts et, à terme, retrouver leur profitabilité.
L’échec des plans de restructuration
Malgré les plans de redressement très stricts des deux compagnies, aucune d’entre elles n’est parvenue à redresser ses finances. Celui de Delta devait permettre de sauver 5 milliards de dollars d’ici 2006. La compagnie a réussi à atteindre ses objectifs à hauteur de 85% mais les effets d’une partie des efforts consentis par la société ont été anéantis. Par l’envolée spectaculaire et imprévue des prix du pétrole d’une part, et par la très forte concurrence des compagnies low-cost et de United Airlines et US Airways qui sont déjà sous le régime du chapitre 11 d’autre part.
Le plan de restructuration de Northwest a lui complètement échoué à cause de la flambée des cours. Sa facture carburant va s’élever cette année à 3,3 milliards de dollars, contre 1,6 milliards il y a deux ans. Souffrant particulièrement des coûts salariaux – les pensions vont représenter 2,5 milliards de dollars sur les deux années à venir –, elle n’a pas pu entreprendre de nouvelles coupes dans ses dépenses en raison du refus des syndicats de mécaniciens d’accepter le plan final de restructuration proposé par la compagnie.
Pas de conséquence sur la qualité des services
Le chapitre 11 de la loi sur les banqueroutes va leur permettre de se mettre à l’abri des créanciers, de se dégager de certaines dépenses, pour pouvoir mener à bien leur plan de restructuration et revenir à des finances saines. Les clients des deux compagnies échapperont aux turbulences et ne devraient pas constater de changement dans l’immédiat : tous les vols auront lieu comme prévu, les billets et réservations ne seront pas annulés, les programmes de fidélisation seront maintenus, ainsi que le fonctionnement des alliances avec les autres compagnies, notamment dans le cadre de SkyTeam, auquel appartiennent les deux compagnies.
Ce qui va changer
Cependant, restructuration et réduction draconienne des coûts sont au programme. Et le chapitre 11 permet d’imposer des sacrifices salariaux qui n’auraient pas été applicables par la négociation. Ce sont donc les salariés qui vont essuyer la tempête. Si Delta a garanti que les salaires et les avantages sociaux (congés payés, arrêts maladie…) seraient versés, leur baisse est prévue. La compagnie américaine prévoit aussi de supprimer d’autres emplois, alors qu’elle a déjà licencié 24.000 salariés dans le cadre de son plan de restructuration. Mais c’est probablement du financement des plans de retraite dont la compagnie va tenter de se libérer. De même pour Northwest. C’est en effet l’un des plus coûteux problèmes auxquels elles sont confrontées.
La faillite va également avoir un impact sur la flotte et le réseau des deux compagnies. Delta explique en effet qu’elle a l’intention d’éliminer quatre modèles d’appareils de sa flotte, afin qu’il n’en reste plus que sept. Elle souhaite également mettre en service des appareils plus petits sur certaines routes pour ajuster ses capacités à la demande de façon plus économique, et au contraire augmenter ses capacités sur les routes internationales qui ont un certain potentiel de profit.
Avec Delta et Northwest, le club des compagnies en faillite s’agrandit. Aujourd’hui, quatre compagnies traditionnelles sur sept sont allées se réfugier sous le chapitre 11 pour échapper au grain. Pourtant, Delta se déclare « optimiste ». Les exemples de United et de US Airways, qui ont déjà commencé à regagner des parts de marché, éveillent l’espoir d’un redressement.