Les commandes d’avions commerciaux vont bientôt pleuvoir en Inde ces prochains jours, alors que le salon Aero India ouvrira quant à lui ses portes à Bangalore mi-février. Les plus attendues sont évidemment celles liées au groupe Tata, désormais redevenu propriétaire d’Air India, avec près de 500 avions Airbus et Boeing qui viendront plus que doubler la flotte de l’ancienne compagnie porte-drapeau indienne (et sa future compagnie AIX Connect) et la transformer en « une compagnie de classe mondiale ».
Le transport aérien indien était d’ailleurs déjà en train de se redessiner, alors que des transporteurs indiens d’importance sont sortis particulièrement affaiblis des années de pandémie, à l’instar de SpiceJet et Go First qui ne peuvent aujourd’hui rebondir comme la low-cost IndiGo et ses quelque 300 appareils, d’ailleurs principale compagnie du pays en termes de passagers transportés et en rentabilité.
Mais les prochaines commandes attendues ne font que confirmer une tendance de fond pour le transport aérien indien, avec une augmentation des capacités qui devrait maintenant et durablement dépasser les 15% par an. Le Ministère de l’Aviation Civile table d’ailleurs sur l’arrivée de 100 à 110 nouveaux avions de ligne chaque année jusqu’en 2027, avec une flotte qui aura ainsi pratiquement doublé en cinq ans pour atteindre les 1200 appareils.
L’Inde rattrape ainsi progressivement son retard et cela aura nécessairement des conséquences sur l’ensemble du cycle de vie de la flotte, à commencer par toute la problématique de la maintenance et de l’après-vente. Air India a d’ailleurs voulu faire savoir que des difficultés existaient quant aux prix demandés pour le soutien à l’heure de vol de ses futurs moteurs LEAP-1B, voulant très certainement y participer davantage.
Car de façon plus générale, l’Inde cherche toujours à développer de nouvelles capacités sur place, que ce soient pour les réparations d’équipements ou tout simplement pour la production de pièces, à l’image du partenariat entre GE Aerospace et TASL depuis quelques années, et notamment sur le LEAP. Dans le même temps, nombre d’acteurs occidentaux du secteur ont été quelque peu échaudés par la politique du zéro Covid menée durant trois ans en Chine, voire par l’autoritarisme croissant de Xi Jinping, et envisagent dorénavant de miser davantage sur « géant indien », ne serait-ce que par sécurité.
La rencontre relativement discrète entre le patron d’Airbus Guillaume Faury et le Premier ministre indien Narendra Modi fin décembre allaient d’ailleurs très certainement dans ce sens, avec à la clé une plus grande présence industrielle du groupe aéronautique européen en perspectives et notamment sur le civil.
L’aviation civile indienne est-elle finalement à l’aube d’un grand bouleversement ?
 
			 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
